Au nom du Père, du Fils et de Jackie Chan
04 juin 2024Spectacle proposé par la Cie du Homard bleu (26) et vu à l’Artéphile à Avignon le 3 juin dans le cadre de l’avant-première au Festival d’Avignon 2024.
Auteur et interprète : Matthias Fortune
Mise en scène : Anne Sophie Liban
Compositeur et créateur son : Léo Grise
Chorégraphe combat scénique : Maurice Chan
Genre : Seul en scène, Comédie contemporaine
Durée : 1h15
À partir de : 10 ans
Matthias Fortune est un comédien bourré de talent et d’énergie, qui nous entraîne durant plus d’une heure dans la vie d’Arthur. Un récit en partie autobiographique avec une enfance dans un joli foyer pour handicapés créé par des parents hors normes (une mère anglo-saxonne en conflit permanent avec un père vraiment « perché »). Ils élèvent sans vraiment s’y intéresser, un petit garçon avide d’attention, mais laissant sa place malgré lui aux résidents accueillis par ses parents. Toute l’attention de ses géniteurs se porte sur cette mission « sociale », au détriment de l’épanouissement d’Arthur.
Notre personnage se réfugiera donc dans l’admiration des arts martiaux et en particulier de Jackie Chan, artiste chinois aussi facétieux que magistral. Le petit « Pao-Pao », après 10 ans à l’école-prison de l’Opéra chinois, deviendra, après bien d’autres sacrifices, le fameux Jackie Chan après la mort de Bruce Lee. Ce père spirituel l’aidera à parler de ses angoisses, à utiliser son corps dans de superbes démonstrations d’art martial. Il se libére de cette enfance sacrifiée par un père auto-centré, pour qui seul compte la « mission » d’une vie.
Pourtant, ce qui l’a meurtri enfant en a fait un adulte accompli, sa vie parmi des handicapés a été le berceau d’une réelle empathie pour les autres, les différents…
Il a bien changé, le petit Arthur : à présent, ce comédien est un homme accompli, un compagnon, un père qui, lui, sait dire « Je t’aime » à son fils.
La mort de son père, la naissance de son fils et le confinement du Covid sont les facteurs à l’origine de ce spectacle (presque) seul en scène époustouflant de démonstrations d’art martial et de musique avec sur scène, Léo Grise en facétieux bruiteur…
Le comédien interprète à lui seul beaucoup de personnages (dont une psy assez croustillante...) et déploie une énergie folle dans le combat, c’est drôle et émouvant à la fois.
Parcours sans faute pour un spectacle à venir voir au Festival d’Avignon !
Evelyne Karam