Emma la clown - la trilogie - le divan, la mort, le vide

Spectacle de la compagnie La Vache libre (22) vu le 25/06/2024 (avant-première presse) à la Scala (84) dans le cadre du festival OFF d’Avignon

Texte et interprétation : De Merieme Menant

Mise en scène : Kristin Hestad

Compositeur.rice : Mauro Coceano, Nathalie Miravette

Type de public: Tout public à partir de 12 ans

Genre: Théâtre 

Durée : 4h55 (Le divan : 1h20 – La mort : 1h10 – Le vide : 1h05)
 

Décor :

Le divan : un divan

La mort : une table, une chaine

Le vide : une chaise

La trilogie d'Emma la Clown, composée des pièces "Le Divan", "La Mort", et "Le Vide", est une œuvre théâtrale qui allie humour, philosophie et introspection. À travers ces trois spectacles (ce sont trois spectacles différents, joués l'un après l'autre, pouvant être vus séparément, ce qui m'a étonnée), Meriem Menant, alias Emma la Clown, explore des thèmes universels avec une sensibilité et une intelligence rares, nous invitant à un voyage émotionnel et spirituel inoubliable.

"Le Divan" : 

La première pièce de la trilogie, "Le Divan", nous plonge dans l'univers de la psychanalyse. Emma la Clown, avec son nez rouge et son costume décalé, ses godillots percés, se livre à une série de séances auto-analysantes sur un divan en abordant les sujets de la mère, du père, du bonheur, du subconscient… Mais ce n'est pas tout : elle est marionnettiste (la marionnette la représente), elle chante et joue de la musique, ajoutant des couches de créativité et de dynamisme à la performance. L'humour est omniprésent, mais il sert de véhicule pour une réflexion profonde sur la condition humaine. Emma réussit à rendre accessible et divertissant le processus souvent intimidant de l'introspection.

"La Mort" : 

La deuxième pièce, "La Mort", aborde un sujet souvent tabou avec une légèreté déconcertante. Emma la Clown, nous emmène dans un voyage où elle confronte ses propres peurs de la mort. Nous vivons avec elle, les étapes de préparation à la mort, le testament, le pardon, la préparation corporelle. Un cercueil, un doudou (à l’image d’Emma), un chariot avec des têtes de morts nourrissent le spectacle. L’arrivée de la mort est poésie, beauté et même féerie. Avec des monologues émouvants et des situations burlesques, Emma dédramatise le concept de la mort, nous montrant qu'il est possible d'en rire et de l'accepter comme une partie naturelle de la vie.

"Le Vide" :

La trilogie se conclut avec "Le Vide", une pièce qui questionne le sens de l'existence. Emma la Clown, toujours aussi attachante, se retrouve face à ses doutes existentiels. Elle explore la notion de vide intérieur avec une profondeur qui est magnifiquement équilibrée par son humour caractéristique. Elle part dans "la recherche". En position de lotus, elle fait le vide, se questionne. La mise en scène minimaliste, avec une chaise comme élément central met en valeur la notion du vide. Pour nous en parler, elle fait référence à  Shakespeare, Molière, Beckett. Ces propos enrichissent le discours et montrent la capacité d'Emma à lier l'humour et la réflexion profonde avec des influences classiques. "Le Vide" nous invite à embrasser nos incertitudes et à trouver du sens dans l'absurde.

Emma la Clown, de son vrai nom Meriem Menant, est une artiste talentueuse avec une capacité à naviguer entre le rire et l'émotion, à rendre accessibles des sujets complexes et à toucher profondément son public. Sa trilogie est une œuvre magistrale qui démontre son génie créatif et sa maîtrise de l'art clownesque.

La trilogie "Le Divan, La Mort et Le Vide" est une expérience théâtrale unique. Elle nous fait rire, réfléchir et ressentir. Emma interpelle directement les spectateurs (Angèle, Benoit), créant des interactions vivantes et engageantes. Emma le Clown nous guide à travers des thèmes universels avec une grâce et une humanité rares. Ses spectacles sont une célébration de la vie, de la mort et de l'absurde, nous rappelant que l'humour et la profondeur ne sont jamais incompatibles.

JDM