160 000 enfants
11 juil. 2024Spectacle de l'association Mîllezames (84), vu le 11 juillet 2024 au Théâtre des Lila's à 12h40, dans le cadre du Festival d'Avignon 2024
Auteur : Edouard Durand
Comédiennes : Nacima Bekhtaoui, Cécile Morel, Isis Van Groeningen
Mise en scène : Cécile Morel
Type de public : Tout public (à partir de 12 ans)
Genre : théâtre citoyen, féminisme
Durée : 1 heure
Trois chaises tournées vers le fond de scène. Trois voix se demandent : les violences sexuelles faites aux enfants, c'est quoi ? C'est possible ? Ça existe vraiment ? Une toile géante et un pinceau à la main pour peindre, sans couleurs, le déni social, collectif et structuré qui entoure ce sujet.
160 000, ce sont le nombre d'enfants qui subissent des violences sexuelles chaque année. Soit un enfant toutes les trois minutes... Silence. Place à la gêne, à la sidération. Ça fait mal... Non ! Garder les yeux ouverts, car le pinceau est toujours levé.
5,5 millions, c'est le nombre de femmes et d'hommes qui ont vécu des violences sexuelles dans leur enfance. Les enfants ont grandi. Ils conservent toujours la trace, mais ils ont oublié que ceux qui les suivent "sont des gens très sérieux".
Prêtons-nous à un jeu. Cherchons à être aussi sérieux qu'eux lorsqu'ils demandent qu'on leur explique ce qui leur est arrivé : viol, inceste parental, agression sexuelle. Quelle différence ? De manière didactique, Nacima, Cécile et Isis prêtent leur voix à un plaidoyer écrit... Par un juge. La cohorte des gardiens du temple n'a qu'à bien se tenir : place à la présomption de la vérité après la présomption d'innocence.
Une fusion à trois voix pour transpercer la confusion du langage, interprétation sublime du glissement des mots entre les lèvres. On comprend tout, rien ne nous échappe. Les mots les plus durs ricochent malgré leur poids, dans notre tête. Les laisser faire effet pour chasser peu à peu la honte qui se resserre. Et accepter finalement leur présence avant de les renvoyer tel un écho hors les murs du théâtre.
Trois comédiennes sublimes pour faire passer un message. À nous de prendre le relais.
Loïs Belles