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BARTLEBY

Spectacle de la Cie des Perspectives (75) vu au théâtre du Cabestan le lundi 8 juillet à 11h10, dans le cadre du Festival Off d’Avignon, du 2 au 21 juillet

 

D’après la nouvelle d’Herman Melville

Traduction : Pierre Leyris

Mise en scène : Bruno Dairou

Avec : Cédric Daniélo

Genre : théâtre seul en scène

Tout public à partir de 6 ans

Durée : 1.05 h 

 

Le hasard fait parfois bien les choses… Je n’avais pas sélectionné ce spectacle, mais à la suite d’une erreur de réservation, je me suis rendue très en avance au Cabestan où je devais assister à un spectacle à 12.30 h. Et par chance, j’ai pu avoir l’une des dernières places pour Bartleby. Comme tout un chacun, je connais Moby Dick, du même auteur, mais je ne connaissais pas, sinon seulement par le titre, ce récit publié en 1853. Ce fut une bien belle découverte.

 

Le narrateur, élégamment vêtu, s’apprête derrière son lutrin à faire lecture, devant les membres d’un club de lecteurs, de la nouvelle Bartleby le Scribe. Avant, il se présente. Il est notaire, possède sa propre étude sur Wall Street, où il emploie déjà deux clercs, surnommés Lagrinche et Dindon, et un apprenti, surnommé Gingembre. Son étude se développant, il est amené à embaucher un troisième copiste, Bartleby, solitaire, renfermé, mais aussi consciencieux et efficace. Du moins, au début. Il devient rapidement réfractaire à toute demande ou ordre de son patron, se bornant à notifier son refus par l’une des formules, « Je préfèrerais pas », « j’aimerais autant pas », « je ne préfère pas » ou « j’aimerais mieux ne pas. ». Ce comportement étrange déteint sur les autres personnels de l’étude, qui se mettent à utiliser ces formules à tout bout de champ… !

Peu à peu, Bartleby cesse de travailler, ne sort même plus des bureaux dans lesquels il s’installe à demeure, se nourrissant très peu de quelques biscuits au gingembre… Il refuse même le renvoi que son patron est contraint de lui notifier. Aussi extraordinaire que cela paraisse, n’arrivant pas à déloger l’individu, poussant la compassion – mais aussi l’absurde – à son paroxysme, l’homme de loi en vient à déménager l’étude que Bartleby ne veut pas quitter !
 
Avec une extraordinaire présence, une diction parfaite et un langage très châtié 19ᵉ siècle dont je me suis régalée, Cédric Daniélo fait vivre cet anti-héros qui incarne la résistance passive sur laquelle il est si difficile d’avoir prise. Il nous laisse percevoir l'attachement bizarre qu’il a ressenti très vite pour cet homme incompréhensible et mystérieux. Et nous fait ressentir le fond tragique de la situation, malgré des aspects parfois comiques. Il n’y a pas d’issue, et l’histoire, bien évidemment, se termine mal…
 
Cédric Daniélo est un formidable conteur, qui, aidé seulement de quelques jeux de lumières soulignant savamment sa gestuelle, nous entraîne dans un récit intense, aussi absurde que merveilleux, nous faisant espérant jusqu’au bout un dénouement qui ne soit pas fatal…
 
À ne pas rater.

 


Cathy de Toledo 

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