Bérénice des Quartiers
Bérénice des Quartiers

Spectacle de la Compagnie Les Embrumés (75), vu le mardi 16 juillet à 21h10 au Théâtre La Luna dans le cadre du Festival d’Avignon.

 

Texte : Thomas Griere, d’après Jean Racine

Mise en scène : Thomas Griere

Avec : Nina Garin, Léon Dutour, Thibault Rigoulet, Naomi Vejdovsky, Thomas Griere

Public : Tout public à partir de 10 ans

Durée : 1h10

 

Entre Rome et Bérénice, Titus doit choisir.

 

Nous sommes à Rome, dans un quartier de banlieue du XVIe siècle. Titius se retrouve, malgré lui, à la tête de l’organisation qui dirige la cité. Une position de pouvoir qui ne serait pas pour lui déplaire, si elle ne signifiait pas la perte de l’amour de sa vie. Bérénice ne vient pas de Rome. C’est une étrangère pour les habitants du quartier qui ne l’acceptent pas. Le peuple scande sa terrible rengaine : « La Cité, par une loi qui ne peut changer, n’admet avec son sang aucun sang étranger et ne reconnaît point les fruits illégitimes qui naissent d’un hymen contraire à ses maximes. » Titus comprend qu’il doit se séparer de Bérénice s’il ne veut pas faire face au soulèvement du peuple. Seulement, Bérénice est bien décidée à se battre corps et âme pour leur amour.

Titus (Thomas Griere) est accompagné de ses deux plus fidèles amis et hommes de main, Antiochus (Léon Dutour) et Arsace (Thibault Rigoulet). Il se confie à eux sur ses doutes et ses peurs, sans savoir qu’Antiochus est secrètement amoureux de Bérénice (Nina Garin) depuis longtemps. Cette dernière, toujours accompagnée de sa fidèle amie Phénice (Naomi Vejdovsky), elle-même originaire du quartier, décide de soutenir son amie. Comprenant à quel point il faut bousculer l’ordre établi de cette société qu’elle trouve dépassée et dangereuse, Phénice s’engage. Toute sa vie, elle s’est battue pour se faire une place en tant que femme dans un modèle patriarcal. Pour elle, comme pour les autres, il est temps de changer les choses.

Pendant une heure dix, nos cinq protagonistes, incarnés par des comédiens talentueux, naviguent dans ce microcosme social. Les scènes sont parfois agrémentées de textes rappés, chantés, slamés, sur des productions contemporaines, ancrant d’autant plus la pièce dans une perspective moderne. Les comédiens nous offrent chacun à leur tour une performance musicale impressionnante et captivante.

La scénographie simple et épurée nous transporte directement dans ce quartier dont la beauté est aussi saisissante que sa dureté. On y aperçoit deux poubelles, dont l’une est renversée et l’autre repose contre un lampadaire. Une arche est disposée en fond de scène, ornée de fleurs et aux allures féeriques, sous laquelle repose le trône de Titius. De l’arche pend un tissu transparent sur lequel est dessiné un panorama de gratte-ciel. Ce tissu transparent nous offrira de magnifiques tableaux oniriques en ombres chinoises lorsque les comédiens se tiendront derrière et qu’on ne pourra en déceler que les contours de leurs corps.

Le pari est tenu et admirablement réussi pour cette troupe de jeunes comédiens talentueux qui nous partagent leur amour du théâtre. Les Embrumés soufflent un vent frais et moderne sur le théâtre classique.

 

Marceline Wegrowe

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