Eurydice aux enfers
Eurydice aux enfers

Spectacle par la compagnie l'eau qui dort (92) vu au théâtre des carmes André Benedetto, à 18h25, dans le cadre du festival Off d'Avignon. 

 

Texte & Mise en scène : Gwendoline Destremau
Interprétation : Emilie Bouyssou, Anthony Devaut, Pierre-Louis, Gastniel, Louise Herrero
Musique : Arthur Dupuy
Costumes : Maxence Rapetti-Mauss

Lumières : Bertille Friderich

Genre : Théâtre contemporain

Public : à partir de 10 ans

Durée : 1h

 

Cela faisait un long moment que je voulais aller voir cette création. Passée non loin de Nice (à Monaco), je n'avais pas pu me déplacer pour l'occasion. C'est donc chose faite dans cette magnifique salle, de 187 places rouges. N'ayez pas peur, c'est danger même si l'auditorium est enfumé à l'arrivée du public. Il est aussi accueilli par un personnage derrière un attirail sonore, qui ne dira pas un seul mot durant cette épopée... si ce n'est des bruitages vocaux. Dans ce théâtre climatisé, des sons synthétiques étranges, des instruments classiques (guitare, trompette, etc.) se font entendre ; le temps que le public dans son ensemble soit bien installé confortablement. Avant de commencer, une membre de la compagnie fait un petit discours de bienvenue et annonce que le texte de ce spectacle est vendu à la sortie. 

 

Eurydice aux enfers, c'est le mythe grec antique inversé. L'héroïne va donc chercher son défunt bien-aimé aux enfers. Adaptée à notre siècle - ou en tout cas à ce qui s'en rapproche - cette pièce contemporaine respecte aussi, dans sa construction dramaturgique, certains codes de la tragédie antique (notamment les chœurs). L'enfer, sous nos yeux, est un monde fantasmé. Une grande entreprise où administration et grand ascenseur se mélangent dans une atmosphère horrifique. Un voyage visuel sobre aux costumes faisant écho (à mon sens) à l'univers cinématographique des sœurs washowski (réalisatrices de la saga Matrix et de la série Sens 8). Mais aussi un drame sombre, avec une pointe de délire fantastique à la Tim Burton. La musique live et ses sons donnent de la profondeur aux émotions et à la terreur qui composent ce monde souterrain. Les lumières font à elles seules un vrai travail de décors touchant presque la perfection entre les flashbacks, les rêves et la réalité. Eurydice aux enfers est plus qu'un mythe, c'est un conte sur l'acceptation de la mort de celles et ceux qui nous entourent. Un parallèle de notre humanité nous a rattachés aux meilleurs moments passés avec ces personnes disparues... comme aux moins bons. La description d'une force de caractère à faire face à notre deuil sans pour autant dénier la réalité. La vie n'est pas un long fleuve tranquille. 

Une pièce qu'on ne peut que conseiller d'aller voir avant la fin de cette édition 2024 du festival ; sachant qu'il s'agirait de la dernière participation de ce spectacle au Off

À savoir aussi, l'autrice et dramaturge du spectacle joue sa deuxième création à l'Arthéphile du 3 au 21 juillet à 14h50.

 

Maxime Farsetti

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