Gardiennes
Gardiennes

Spectacle de la Compagnie la Pierre Brute (94) vu au Théâtre au Palca, le jeudi 11 juillet à 13h05, dans le cadre du Festival Off d’Avignon 2024, du 03 au 21 juillet.

 

Auteure : Fanny Cabon

Comédienne : Fanny Cabon

Mise en scène : Bruno de Saint Riquier

Ambiance sonore : Pierre Lardenois

Genre : Seul en scène, théâtre citoyen, féminisme, historique

Public : À partir de 12 ans 

Durée : 1h15 

 

« La femme n’est pas que gardienne de la vie, mais aussi celle de son corps, de son ventre, de sa propre existence. »

Dans un seul en scène impressionnant, Fanny Cabon interprète dix femmes, de son arrière-grand-mère à sa fille. C'est 100 ans d’histoire qui nous sont contés en 1h30. Ces héroïnes du quotidien mènent pourtant un combat invisible, qui peut nous paraître banal : la question de la maternité, du droit à la vie, du mariage, des faiseuses d’anges et surtout de l'amour de la féminité.

 

Durant la représentation subtile et personnelle, la comédienne déstabilise. Elle utilise l’humour pour nous faire réfléchir en osant dire des choses que l’on a oubliées… Elle choisit ses mots dans un lexique enfantin assez naïf pour montrer que ces femmes sont trop jeunes pour vivre cela et de la souffrance, voire de la torture qu’elles ont subie. Ces femmes sont meurtries par la guerre, leurs travaux (pour très peu d’entre elles), la maintenance de la maison, leurs maris, leurs enfants et la peur du sexe. Il n’y est plus question de plaisir, mais de peur de ce qui peut se passer. Elles n'ont pas d’insouciance, puisque les hommes ne leur laissent pas le choix.

« Là où la chèvre y est, il faut bien qu’elle y broute. »

L’avortement paraît être la meilleure option. Les ustensiles comme les aiguilles à tricoter, les sondes et l’eau de javel sont utilisés par des femmes pour des femmes dans l’espoir de provoquer une fausse-couche. Nous ne partons pas en tête que l’avortement est un acte ordinaire, comme certaines personnes peuvent penser, mais bien que c’est un droit que nous, les femmes, devons maintenir en mémoire de nos ancêtres. Les enfants restent quelque chose de merveilleux, néanmoins, c'est quelque chose que nous devons contrôler. La portée du texte est actuelle, entre la lutte pour le droit à l’IVG, les violences conjugales et la maltraitance hospitalière.

La mise en scène est juste et simple : une table, un tabouret, une pelote de laine (rouge comme le sang), un objet symbolique aux personnages et la comédienne. Son corps devient l'écho des témoignages. Elle n'est pas militante ni juge des histoires, mais la copie de maux. Elle est aidée par un univers sonore qui perturbe et accentue ses mots.

Une composition théâtrale à voir !

 

 

Clara ROCHE

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