Le petit dragon accroche sa proie et avec sa queue il frappe
Le petit dragon accroche sa proie et avec sa queue il frappe

Spectacle de la Compagnie Nosferatu (42)  vu à l’Espace Saint Martial,  jeudi 4 juillet à 12.55 h dans le cadre du Festival Off d’Avignon, du 03 au 21 juillet sauf dimanche

 

D’après : le roman de Thomas Günzig 

Interprète : Raphaël Fernandez

Mise en scène : Claudine Van Beneden 

Musique : Simon Chomel

Création lumières : Jérôme Aubert

Genre : théâtre 

Tout public à partir de 11 ans 

Durée : 1 h  

 

Le titre laisse à penser que le spectacle s’adresse au jeune public, et la deuxième partie du titre n’est pas forcément plus évocatrice. En réalité, il s’agit d’un monologue abordant les thèmes de la filiation, de la transmission, de la construction de soi, plutôt destiné à un public pré-adolescent.  Peut-être eut-il fallu conserver le titre du romain de Thomas Günzig « Et avec sa queue, il frappe », probablement plus accrocheur.

 

Nous étions peu nombreux lors de cette représentation, face au plateau nu, habillé en fond de scène de trois écrans pendus au plafond.  Le comédien incarne un père qui accompagne son fils à l’école. Devant le portail, l’enfant semble très préoccupé et le père l’encourage à lui dire ce qui ne va pas. L’enfant finit par avouer qu’il est terrorisé par Killian, un camarade de classe. Disposant d’un peu de temps avant la sonnerie, le père confie qu’il a lui-même connu les mêmes moments difficiles dans son enfance et commence à lui raconter.
Élevé par des parents « peureux », repliés sur eux-mêmes « au fond de leur nid comme des oiseaux », n’écoutant que de la musique classique, rien d’autre ne trouvant grâce à leurs yeux, ne regardant aucun film à la télévision, tous étant sans intérêt, ils ont transmis à leur enfant cette peur de tout et ce repli sur soi. Certes, la famille a vécu un drame, qui les a tous touchés, mais cela n’explique pas tout, même si cela a aggravé les choses… Et la peur, ça colle à la peau, « tout le monde le sent quand on a peur, ce qui fait qu’on a encore plus peur ! »  Geoffrey, son harceleur à lui, n’a pas manqué de s’en rendre compte et n’a cessé de lui empoisonner l’existence. Le seul camarade avec qui il a pu se lier, Laurent, est très bizarre, pas très propre, un peu rebutant, en proie comme lui aux moqueries. Quant à adresser la parole à la jolie Katia assise à côté de lui en classe, même pas en rêve ! 

Heureusement, la découverte des films de Bruce Lee, dont la Fureur du Dragon, le sauve de cet environnement déprimant. Il s’abonne au vidéo club et se passionne pour les films d’action, mais aussi, nombre de films d’horreur, et non des moindres, type Massacres à la tronçonneuse, Nosferatu, la série des Halloween et son personnage principal, l’affreux Michael Myers…  

Après quelques démonstrations de prises de karaté, sous les images de Bruce Lee et de son regard froid et concentré qui défilent sur les écrans, le père explique à son fils que ces images horribles de combats, de crimes, de viols, lui ont appris à affronter ses peurs, à grandir, à se dire que comme pour les zombies, il est inutile de « se battre contre un type déjà mort » !   Il faut qu’il se souvienne de ça …  Je m’attendais à ce que ce père ait alors décidé d’apprendre le karaté, ou tout autre sport de combat, pour acquérir la capacité à se défendre en cas d’agression, pour être rassuré et ainsi délivré de la peur. J’ai donc trouvé très étrange cette leçon, fruit de l’imagination de Thomas Günzig, à moins que son roman ne soit autobiographique ?        

Raphaël Fernandez incarne parfaitement ce père émouvant, parfois drôle, cet homme ordinaire qui essaye d’être présent, d’aider son fils autant qu’il se peut lorsque les parents sont séparés et que l’enfant est en garde alternée… Il l’encourage à parler dès que quelque chose ne va pas, afin de régler les problèmes avant qu’ils ne deviennent insurmontables. Bref, un père aimant qui fait ce qu’il peut avec les moyens du bord et ses difficultés personnelles, lui faisant part de ses expériences pour l’aider à trouver ses propres solutions. 

Un spectacle à proposer par exemple dans le cadre d’interventions à propos du harcèlement pour engager le débat, un spectacle qui j’espère trouvera son public, la cible n’étant pas clairement identifiée si l’on s’en réfère seulement au titre.

 

Cathy de Toledo

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