Les trois petits vieux qui ne voulait pas mourir
Les trois petits vieux qui ne voulait pas mourir

Spectacle vu le 30 juin au Théâtre Le Balcon, par le Théâtre du Fret (Québec) à 13h30, dans le cadre du festival Off Avignon.

 

 

Auteur : Suzanne Van Lohuizen

Mise en scène : Johanne Benoît

Comédiens : Vania Beaubien, Alexandre L'Heureux, Isabel Rancier

Scénographie : Pierrick Fréchette

Conception et réalisation des masques : Pierrick Fréchette, Marie Muvard

Lumière : Jeanne Fortin -L

Musique et arrangements : Raphaël Reed

Dates : du 29 juin au 21 juillet 2024 (relâche le jeudi)

Durée : 55 minutes

Genre : théâtre contemporain (jeu masqué)

Tout public : de 7 à 77 ans

 

 

Alexandre L'Heureux, l'un des comédiens, a perdu sa mère à l'âge de dix ans ; cette pièce représente tout ce qu'il aurait aimé se faire raconter à cet âge, où il ne comprenait pas ce qui se passait. Parler de la mort questionne, et fait peur. Est-il possible d'apprendre à apprivoiser cette peur avec franchise, tendresse, dignité et... poésie ?
 
 
Premier élément poétique ; je suis particulièrement touchée par les masques. Les trois personnages portent sur leurs visages des demi-masques en cuir. Outre le fait de créer une distanciation, par rapport au sujet de la pièce, les masques amplifient les expressions faciales ; il y a une communication permanente de l'émotion, dans le jeu des personnages. Cela les rend très vivants, complices ; c'est fascinant !
 
Deuxième élément poétique ; par le décor, j'ai l'impression d'entrer dans un livre de contes pour enfants. Je vois un lit. À la rambarde du lit, sont arrimés un petit banc, une table ronde autour de laquelle sont accrochées trois tasses à thé et une théière. Je vois aussi sur les côtés, plusieurs valises de différentes tailles, ainsi qu'une boîte aux lettres dans le fond du décor. Tout est vieux, à l'aspect poussiéreux ! La poésie se révèle aussi dans les costumes, les accessoires, l'expressivité des visages, la façon de se mouvoir des trois personnages, et enfin l'histoire, que voici !
 
Trois petits vieux, Ernest, Stanislas et Désiré se réveillent de bonne humeur ; c'est un matin comme les autres, sauf... qu'une lettre est arrivée. Ils la lisent, ils n'en croient ni leurs yeux, ni leurs oreilles ! Cette lettre les informe que cette journée sera leur dernière ; ils ont écoulé toutes les journées qui leur restaient à vivre. Croyant d'abord à une blague, ils font comme si de rien n'était. Ils renvoient la lettre à son expéditeur et cadenassent la boîte aux lettres.
 
À partir de maintenant, ils nous entraînent avec fougue. Ils deviennent comme des enfants. Ils s'inventent de nouveaux jeux, ils se taquinent, ils font de la musique, ils chantent... Il y a deux scènes absolument délicieuses ; le moment où ils prennent le thé, ainsi que le moment où ils cassent la théière ! Puis, ils évoquent des souvenirs de vie, d'amour, d'amitié, avec tendresse et espièglerie.
 
Mais, tout cela est-il encore vraiment de leur âge ? Tout cela pour se préparer à ce grand « passage » ? Finiront-ils par se saisir des valises ? Emporter quoi ? L'essentiel ? J'ai beaucoup aimé cette pièce ; j'ai souvent souri. J'ai admiré la lumière ; celle-ci est merveilleuse, elle sublime la beauté des visages ainsi que la gestuelle des corps. Elle s'intensifie, tout en délicatesse, avec la fin du spectacle.
 
Petits et grands enfants apprécieront ce récit jusqu'au 21 juillet, au Théâtre du Balcon, à 13h30.
 

Patricia Gueperou
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