Requiem pour un fou
Requiem pour un fou

Spectacle de la Compagnie «Levriers» (45), vu à Avignon le 5 juillet 2024 à 21h à la Fabrik Théâtre. Dans le cadre du Festival Off d’Avignon du 3 au 21 juillet 2024.

 

Mise en scène : Nina Ballester, Jules Fabre

Interprète(s) : Aleksandra Betanska, Jules Fabre, Laetitia Franchetti, Aubin Lhuaire, Clément Paul Lhuaire, Aylal Saint Cloment

Genre : Théâtre musical

Public : tout public à partir de 10 ans

Durée : 1h20

 

La Fabrik Théâtre est l’un des théâtres permanents d’Avignon. Pendant le Festival, en attendant l’ouverture des portes, il est si agréable de boire un verre ou de manger un morceau sous la glycine géante de la cour ombragée.

 

« Requiem pour un fou ou le dernier concert de Dom Juan » nous accueille dans une salle de concert de rock pour le « Don Giovanni Show ». 

Un Dom Juan 2024. Enfant roi de 27 ans, sans foi ni loi, beau gosse, étoile montante du show-business, il manipule les gens pour les plier à sa volonté. Tout lui réussit. Et c’est d’ailleurs ça et uniquement ça qui l’intéresse : l’ivresse de la foule déchaînée, la gloire, le pouvoir, son plaisir.

Mais sa vie n’a pas de sens. Elle est vide. Lui est vide. Vide de tout sens, il ne croit en rien. Ni Dieu, ni valeurs humaines, ni avenir. La bienséance et les conventions le désespèrent. 

Pourtant, Dom Juan est entouré. Entouré de Sganarelle, son manager conscient de sa médiocrité et qui n’aime pas l’aventure, mais qui se plaît à défendre - bien que de manière maladroite - ses idées … Entouré de sa femme Elvire dont il brise le cœur sans aucun état d’âme et qui vient lui demander des comptes en mode féministe. Entouré par des femmes qu’il croise sur son chemin et qu’il essaye d’utiliser à ses propres fins. 

Tous assistent, impuissants, à la tragédie d’une descente aux enfers, car Dom Juan refuse les mains tendues et continue sa route en solitaire. Rien ne semble le toucher, il est hermétique aux émotions, surtout celles des autres. Il est fermé aux mots et à la raison. La star charismatique joue son propre "Requiem pour un fou" et se transforme jusqu’à se faire aspirer par le vide.

Les six artistes, musiciens (basse, synthé, batterie, guitare électrique) autant qu’acteurs, interprètent avec brio tous les personnages. Le jeu de scène est rythmé, entrecoupé par des morceaux que joue le groupe.

Cette pièce intemporelle, jouée sous un éclairage plus que contemporain, reflet de notre époque, m’a interpellée sur l’état de notre société, de la jeunesse. Peut-on encore croire en quelque chose ou quelqu’un ? Où sont nos vraies ressources pour une humanité qui a du sens ?

Du début à la fin, les spectateurs sont captivés. On tremble, on rit, on est dedans. Le public est complètement conquis. À ne pas rater.

 

Maren Scapol

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