L'oiseau de Prométhée
24 oct. 2024Spectacle de la compagnie Les Anges au Plafond (92) vu le 23/10/2024 au théâtre de Châtillon (92) à 20h30.
Auteur : Christos Chryssopoulos
Comédiens : Rhiannon Morgan, Victoire Goupil, Souleymane Sylla, Achille Sauloup et Christelle Ferreira (marionnettes)
Mise en scène : Camille Trouvé et Brice Berthoud
Type de public : Tout public
Genre : Théâtre et Marionnettes
Durée : 1h45
L’oiseau de Prométhée est une création de la compagnie Les Anges au Plafond, mêlant entre autre théâtre, funambulisme, musique et marionnettes, évoquant sur une même scène le mythe de Prométhée et la crise financière récente de la Grèce.
La pièce repose sur des propositions dramaturgiques plus ou moins originales, comme par exemple servir des petits fours au public pendant le spectacle, en inviter une partie à servir de figurant sur scène ou encore commencer à jouer pendant qu’il s’installe. Surtout, elle casse sans prévenir et réinstaure tour à tour le quatrième mur, sans cohérence mais avec fluidité, ce qui donne un vague sentiment de liberté ou plutôt d’absence de cadre au tout, rendant néanmoins confus le lien entre les différentes scènes et effets. Un narrateur, quelques allusions symboliques et repères concrets sont censés aider le public à suivre l’intention des artistes sans pour autant que rien d’autre qu’une vague critique du capitalisme ne ressorte clairement.
J'y ai reconnu dans le style les codes et les dérives du théâtre contemporain, qui revendique émancipation et originalité jusqu’à en oublier le reste. J'ai trouvé le texte particulièrement pauvre, composé presque exclusivement de banalités et de redondances, les personnages à peine esquissés et excessivement abstraits, le jeu fade et mécanique, les mouvements ennuyeux, la mise en scène inutilement complexe, l’intrigue totalement décousue, le propos sans aucun ancrage et les décors inhomogènes. À mon sens, la seule qualité dramatique de cette pièce, c’est la performance admirable de la marionnettiste qui donne vie avec précision et caractère à ses quatre marionnettes presque simultanément et ce durant tout le spectacle, sans aucune fausse note. C'est d'ailleurs la seule remarque positive précise, avec la surabondance d'effets costumiers, que j'ai réussi à obtenir de la part des différents spectateurs conquis que j'ai interrogés. Personnellement, ça ne me suffit pas pour applaudir, d'autant plus que ces qualités étaient diluées par la maladresse du reste. En particulier, d’autres marionnettes plus ou moins réussies interviennent tour à tour, inspirant parfois quelques effets intéressants, mais produisent ensemble une sorte de cacophonie dramatique indigeste, empêchant le public d’adopter l’une ou l’autre des conventions visuelles nécessaires à les sentir en vie. Il ne m'est resté du spectacle qu'une impression de faste et de vide sans aucune matière à réflexion ni émotion.
Au final, cette pièce des Anges au Plafond s’apparente avant tout à un étalage clinquant des productions de leurs ateliers orientées vers une critique de l’austérité et de l’injustice, ce que je trouve difficile à prendre au sérieux de la part d’un spectacle reposant essentiellement sur la profusion de ses subventions.
Alexandre SAINT-DIZIER