Quichotte
Quichotte

Un spectacle produit par La Compagnie Gwenaël Morin (69) et vu au Théâtre Paris-Villette le 8 octobre 2024.

 

Adaptation, mise en scène et scénographie: Gwenaël Morin

Comédiens : Jeanne Balibar, Thierry Dupont, Marie-Noëlle, Léo Martin

Régie générale plateau : Loïc Even

Genre : théâtre.

Public : Tout public à partir de 14 ans

Durée : 1H45 officiellement mais 2H en pratique

 

J’étais en mal de théâtre. Dans mes repérages programmatiques, j’ai pioché « Quichotte », la nouvelle création de Gwenaël Morin. Bonne pioche dans la mesure où le spectacle est une réflexion sur le théâtre. Mais malgré d’indéniables qualités, je n’ai pas été convaincue.

 

Un narrateur dégingandé raconte dans un phrasé à la Philippe Katerine, la folie d’Alonso Quichano, alias Don Quichotte. Parallèlement, Jeanne Balibar, vêtue de trois bouts de cartons en guise d’armure, interprète le chevalier à la triste figure. Deux autres comédiens et trois régisseurs plateau incarnent, tour à tour, tous les personnages que notre pauvre fou va croiser : l’aubergiste-châtelain qui adoube Don Quichotte, le curé Nicolas qui prône comme remède l’autodafé de ces livres qui rendent fou, le neveu affligé par l’état de santé mentale de son oncle et bien sûr le fidèle écuyer Sancho Pancha.

La distribution est heureuse dans la mesure où, Jeanne Balibar, haute et décharnée,  à la coupe garçonne et à l’élocution délicieusement surannée, est tout à fait crédible dans son rôle. De surcroît dans le contrepoint qu’elle forme avec un Sancho Pancha, petit et replet comme il se doit. Mais en dehors de ces deux là et du narrateur, on a un peu de mal à comprendre qui est qui et qui fait quoi. Malgré un jeu burlesque et qui ne manque pas de bravoure (Jeanne Balibar slamant dans le public en sous-vêtements), il y a beaucoup d’accros et on a du mal à entendre le texte

Qu’importe au fond, le propos n’est pas là. Gwenaël Morin fait de Quichotte, un prétexte, une métaphore pour parler du théâtre. Cet homme, qui à force de lectures s’imagine en chevalier, est-il si différent des comédiens qui se métamorphosent pour porter un texte. Ce pauvre hère qui prend des moulins pour des géants est-il si éloigné d’un spectateur qui accepte les conventions théâtrales. Par exemple, cette table en qualité de cheval ? Pour jouer au théâtre ou pour imaginer sa vie, faut-il tout un décorum ou bien, comme les enfants savent si bien le faire, trois bricoles et une bonne dose d’imagination ?

Le parti-pris est fort. Et la démonstration - plateau nu, épée en bois, jeu sans costume et même en sous-vêtements - imparable. Le problème, c’est que le concept une fois saisi, c’est long, terriblement long. L’adresse aux spectateurs, récurrente, et les quelques morceaux musicaux permettent de réveiller un peu l’attention mais pour ma part, je me suis affreusement ennuyée.

« Quichotte » De Gwenaël Morin est une proposition audacieuse mais qui a laissé le public partagé.

 

Catherine Wolff

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