L'homme et le pêcheur

Un spectacle produit par le Teatro Picaro (93) et vu au Théâtre de la Reine Blanche le 31 octobre 2024.

Texte : Jean-Marc Catella, Ciro Cesarano et Fabio Gorgolini

Mise en scène : Ciro Cesarano

Comédiens : Ciro Cesarano et Paolo Crocco

Scénographie : Claude Pierson

Lumières : Orazio Trotta

Costumes : Isabelle Deffin

Musique : Matteo Gallus

Genre : Théâtre contemporain

Public : Tout public

Durée : 1h20

Je ne sais plus ce qui m’a amené à réserver pour « l’homme et le pêcheur ». Toujours est-il que c’est un vrai petit bijou.

Sur un praticable en forme de pont, un suicidaire trouble la quiétude d’un pécheur mystérieux, imperturbable et caustique. Un dialogue absurde et surréaliste s’enclenche entre les deux hommes que tout oppose depuis le gabarit jusqu’à la faconde. C’est une sorte de fable philosophique qui n’est pas sans rappeler « Le Maître et Marguerite » ou « en attendant Godot » et dont la morale est la découverte, trop tardive, de ce qui fait vraiment le sel de la vie.

Le spectacle laisse voir cinq grands tableaux : les dialogues entre nos deux acolytes sont ponctués d’une scène de chasse et  d’un naufrage auxquels nos deux hommes auraient été témoins de loin, depuis leur ponton. Changement donc de point de vue et zoom sur les dits événements. Avec force fumigènes, nouvelle lumière et bande sons, quelques accessoires et des costumes ad hoc, nous assistons à un revirement total de registre, désopilant. Ce décalage de perspectives ainsi que l’absence de certains accessoires dont on joue portant (un portable, une ligne de pêche), interrogent les conventions théâtrales.

Le texte est drôle, truffé de jeux de mots et de contrepèteries. Tout est prétexte à jeu comme le délicieux accent italien de nos protagonistes. Répliques, sons et lumières sont parfaitement synchrones et créent un univers burlesque et poétique, riche en émotions.

« L’homme et le pêcheur » est certes une petite forme mais c’est un grand spectacle. Il a reçu le prix coup de cœur du club de la presse Grand Avignon Vaucluse en 2023. C’est une récompense plus que méritée.

Catherine Wolff