Le Mage du Kremlin

Un spectacle de la compagnie ACT Opus (74) vu le 14/11/2024 à 19h30 à la Scala Provence (84)

Texte : d'après une adaptation libre du roman Le Mage du Kremlin de Giuliano da Empoli

Adaptation et mise en scène : Roland Auzet

Comédiens : Hervé Pierre (sociétaire de la Comédie-Française), Karina Beuthe Orr, Philippe Girard, Andranic Manet, Stanislas Roquette, Claire Sermonne, Irène Ranson Terestchenko. Et avec la participation de : Jean Alibert et Anoushka Robert

Musique : Quatuor Debussy

Scénographie et lumières : Cédric Delorme Bouchard

Costumes : Victoria Auzet

Vidéo & musique : Wilfried Wendling

Genre : théâtre contemporain

Public : à partir de 7 ans

Durée : 1h50

Inspiré du roman à succès de Giuliano da Empoli, « Le Mage du Kremlin », Grand Prix du roman de l’Académie française en 2022 et finaliste du prix Goncourt, trouve une nouvelle vie sur la scène de La Scala. Cette adaptation théâtrale nous livre une expérience immersive et bouleversante, plongeant le spectateur dans les arcanes du pouvoir russe avec une intensité saisissante.

La scène s’éclaire progressivement, mettant en lumière un groupe de personnes en mouvement, se parlant (ils étaient déjà visibles sur scène pendant que les spectateurs finissaient de s'installer). Dans cette agitation feutrée, Vadim Baranov, ancien conseiller du régime russe raconte son histoire à Barthélemy, un journaliste français. C’est cette histoire que nous allons découvrir tout au long du spectacle. Elle nous plonge au cœur du pouvoir russe. Nous découvrons comment Baranov a façonné la politique russe, comment il a mis en place Poutine, comment il a transformé tout un pays en un immense théâtre où la seule vérité est celle dictée par les désirs du Tsar.

Mais le spectacle ne se contente pas de raconter cette histoire. Une scène filmée dans un cimetière ou des images des coulisses montrant les comédiens avant leur entrée sur scène ajoutent une dimension supplémentaire, brouillant les frontières entre le jeu et la réalité. Des moments surprenants, comme un rap dansé par deux femmes ou la chanson russe chanté par deux comédiennes dont l'une accompagne au piano, ou encore les Loups de la nuit, offrent des ruptures de ton inattendues, tout en reflétant les multiples facettes de l’univers russe contemporain.

La mise en scène, audacieuse, choisit de ne laisser aucun répit au spectateur. À travers un dispositif visuel impressionnant – vidéos glaçantes, lumières éclatantes et projections stroboscopiques puissantes – elle plonge le public dans une expérience sensorielle totale. Ces choix scénographiques amplifient l’urgence et la gravité du propos, capturant l’attention avec force et ne laissant personne indifférent.

Le personnage de Vadim Baranov, interprété avec une intensité remarquable, incarne un homme à la fois témoin et acteur des rouages implacables du pouvoir. Boris Berezovsky est également joué avec brio par Hervé Pierre, ancien pensionnaire de la Comédie Française.

La langue elle-même devient un outil narratif. Les comédiens parlent parfois en russe (pas toujours sous-titré), renforçant ainsi l’authenticité de l’atmosphère. 

En adaptant « Le Mage du Kremlin », ce spectacle propose une réflexion puissante sur les arcanes du pouvoir, sur le pouvoir lui-même et ce qu’il pourrait devenir. En conclusion, un grand spectacle avec des prises de risques au niveau de la mise en scène.

JDM