les deux déesses
28 nov. 2024Un spectacle produit par la Compagnie À L’envi (75) et vu au TGP le 27 novembre 2024.
Texte et mise en scène : Pauline Sales
Scénographie : Damien Calle-Perret
Lumières : Laurent Schneegans
Comédiens/musiciens : Mélissa Acchiardi, Clémentine Allain, Antoine Courvoisier, Nicolas Frache, Aëla Gourvennec, Claude Lastère, Elisabeth Mazev, Anthony Poupard
Public : Tout public
Durée : 2h
Férue de mythologie grecque, j’ai réservé pour « Les deux déesses ». C’est une proposition inattendue qui, sans me convaincre totalement, ne m'a pas pour autant déplu.
« Les deux déesses » revisitent, sous forme de comédie musicale, le mythe de Déméter et de Perséphone. Il faut dire que l’histoire a bien des choses à nous raconter. Perséphone, fruit d’un inceste puis épouse forcée d’Hadès pose d’emblée la problématique de l’inceste, du viol, de la transmission transgénérationnelle des traumas et du consentement. Quant à Déméter, déesse de la terre et de la fertilité, et que le deuil de sa fille chérie tarit, elle nous interpelle sur la crise écologique. Enfin, mère et fille doivent apprendre à vivre l’une sans l’autre, à vieillir aussi. L’anachronisme assumé du texte et du contexte fonctionne bien sauf quand Pauline Saules, par le biais d’allusions, veut embrasser d’autres thèmes transversaux.
Visuellement, c’est un très beau spectacle. Le décor est simple mais astucieux. Un praticable en fond de scène, une allemande, un cyclo, quelques accessoires (dont un superbe olivier) et deux espaces de musique live à cour et à jardin permettent de dessiner, avec la lumière, aussi bien l’Olympe que les Enfers, la ville que la campagne.
Pour porter ce projet, ils sont huit comédiens et musiciens, sonorisés. Déméter est incarnée par trois femmes à trois étapes de sa vie. Tous endossent plusieurs rôles. Le jeu, très distancé, manque d’émotions malgré les moments d’humour. Seule Elisabeth Mazev excelle par son naturel déconcertant dans tous les rôles qu’elle incarne.
Si l’ensemble m’a paru un peu artificiel, notamment les danses, il y a des scènes qui m’ont particulièrement plu comme le chœur des morts aux Enfers ; la dispute parentale au sujet de Perséphone, plus vraie que nature ; la sortie de Perséphone des Enfers, et les chansons du début.
« Les deux déesses » est un spectacle original, audacieux et risqué. Il gagnerait, à mon sens, à être resserré. Mais il propose des thèmes de réflexion, des images et des répliques hautes en couleurs.
Catherine Wolff