Prix No'Bell
18 déc. 2024Un spectacle produit par le Théâtre de la Reine Blanche (75) et vu le 18 décembre au Théâtre de la Reine Blanche.
Texte: Elisabeth Bouchaud
Mise en scène : Marie Steen
Comédiens : Clémentine Lebocey, Roxane Driay, Benoît di Marco
Lumière : Philippe Sazerat
Scénographie : Lucas Antonucci
Musique : Anne Germanique
Régie plateau : Mickael Godbille, Yarol Stuber-Ponsot
Genre : Théâtre
Public : Tout public
Durée : 1h15
Le théâtre de la Reine Blanche que j’affectionne tant, propose une série théâtrale, « Les Fabuleuses », sur les femmes scientifiques injustement spoliées de leurs découvertes. Cette série, écrite par Elisabeth Bouchaud, centralienne, comédienne et directrice du lieu, s’inscrit parfaitement dans la ligne éditoriale de cette scène ; laquelle ambitionne de théâtraliser la recherche scientifique pour mieux la vulgariser. Pour ma part, la thématique féministe du projet m’a attirée. Je suis donc allée chroniquer le deuxième opus, malicieusement intitulé « prix No’Bell ».
-En 1968, Jocelyn Bell effectue sa thèse en astrophysique à Cambridge et cohabite avec Janet, étudiante en théologie. Elle identifie le premier pulsar mais en 1974, le prix Nobel pour cette découverte est attribué à Anthony Hewish, son directeur de thèse.
-Si Jocelyn Bell et Anthony Hewish sont bien des personnages historiques, Janet est un avatar imaginaire créé pour donner le contrepoint et la tirade à Jocelyn sur des thèmes métaphysiques (Dieu versus la science), sociétaux (la place des femmes dans l’Angleterre des années 70’s qui jugeait le travail féminin vulgaire) ou intime (la vie estudiantine et amoureuse de deux jeunes femmes).
Ils sont trois sur scène, non sonorisés. Clémentine Lebocey n’incarne que l’héroïne de cette aventure scientifique et rend perceptible le syndrome de l’imposteur qui empoisonne la jeune chercheuse dans cet univers strictement masculin. L’actrice est particulièrement émouvante quand elle endosse le rôle de Jocelyn âgée, couverte de prix prestigieux et si admirablement humaine. Les deux autres comédiens se partagent les autres rôles : Roxane Driay, principalement en Janet (frivole puis profonde), mais aussi en journaliste futile et en juré de thèse ; Benoît Di Marco en Herwish paternaliste et misogyne mais aussi en technicien de laboratoire et en journaliste.
Ils évoluent dans un décor sobre et modulable. Deux panneaux amovibles et 10 piquets sur roulettes en constituent la base. Quelques accessoires complètent l’ensemble (bureaux et chaises ou ce mur de fond de scène qui fait office de tableau noir pour les démonstrations). L’atmosphère du labo, de son effervescence aussi bien que de sa dureté phallocentrée, est restituée par la musique -entre Beattles et musique électronique- et par la lumière, souvent bleue comme le ciel.
L’ensemble s’orchestre bien mais j’ai déploré un manque d’émotions, des longueurs, des rôles trop stéréotypés dans leur expression.
« Prix No’Bell » est un spectacle qui a le grand mérite d’exposer simplement une découverte majeure de l’astrophysique tout en rendant justice à Jocelyn Bell. Mais c’est, à mon sens, un spectacle un peu trop scolaire.
Catherine Wolff