Simon Gosselin

Simon Gosselin

Grandeur et misère du III° Reich

Un spectacle produit par la Compagnie In-Quarto (75) et vu au Théâtre de l’Odéon le 21 janvier 2025.

 

Texte : Brecht

Mise en scène : Julie Duclos

Comédiens.nes : Rosa-Victoire Boutterin, Daniel Delabesse, Philippe Duclos, Pauline Huruguen, Yohan Lopez, Stéphanie Marc, Mexianu Medenou, Barthélémy Meridjen, Etienne Toqué, Myrthe Vermeulen et les enfants Mélya Bakadal et Julien Petersen.

Scénographie : Matthieu Sampeur

Lumière : Dominique Bruguière

Vidéo : Quentin Vigier

Son : Samuel Chabert

Costumes : Caroline Taverniere

Genre : théâtre

Public : Adulte

Durée : 2H15

 

Je n’apprécie pas particulièrement Brecht. Mais monter « Grandeur et misère du III° Reich » est, dans le contexte actuel, d’une telle pertinence que j’avais envie de voir la lecture qu’en proposait Julie Duclos.

 

En une succession de saynètes de longueur inégale et regroupées en neuf chapitres, « Grandeur et misère du III° Reich » relate de façon chronologique la mise au pas de la société allemande toute entière jusqu’à la sphère la plus intime. Tous les critères du totalitarisme sont disséqués par Brecht, en particulier l’économie au service de l’idéologie expansionniste, l’embrigadement de la jeunesse, la peur générée par la politique de la Terreur.

Pour porter ce texte tant analytique que théâtral, ils sont douze sur scène, sonorisés. Ils endossent tour à tour les différents protagonistes des histoires rapportées. Le jeu est un peu inégal mais de bonne tenue générale. Les comédiens.nes  évoluent dans un décor épuré et ingénieux : une salle aux murs grisés avec une verrière amovible permet avec quelques accessoires (table, bureau, lit, sofa), de la lumière et une bande son choisie de créer différentes atmosphères depuis une brasserie jusqu’à un intérieur bourgeois en passant par la devanture d’une boucherie. Le mur du fond sert à projeter le contexte historique en début de pièce puis des prolongements de scène tandis que les comédiens et les régisseurs préparent le plateau pour l’épisode suivant.

Les tableaux qui mettent en avant la façon dont le régime broie la sphère privée -l’amitié, les relations conjugales ou filiales- sont particulièrement poignants. Il s’y joue une sorte de théâtre de dupes où  tout à chacun est sommé de taire ses convictions. Cet écartèlement entre l’être profond et sa représentation est portée à son paroxysme dans l’excellente scène de la femme juive qui décide de quitter et son homme et son pays.

Mais le spectacle est trop long et l’écriture de Brecht, monotone. On aurait attendu une sorte de crescendo en phase avec la chronologie. Il n’en est rien et on tombe dans une forme de redondance. Il est dommage que Julie Duclos n’ait pas choisi de sabrer un peu le texte  (notamment la scène du juge, atrocement longue et confuse) et de finir la pièce sur l’image forte de ce pendu qui s’est suicidé pour avoir voté Hitler.

 

« Grandeur et Misère du III° Reich » est un spectacle de qualité. Pédagogique, il est, en ces temps de relents nauséabonds, salutaire. Mais il aurait gagné à être condensé.

 

Catherine Wolff

 

 

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