Ma grand-mère disait
10 janv. 2025Un spectacle produit par la Compagnie Ginkgo Biloba Théâtre (75) et vu à la Manufacture des Abbesses le 9 janvier 2025.
Texte : Serge Pey
Adaptation, mise en scène et jeu : EvaCastro
Assistance à la mise en scène : Judith Marvan
Bande son : Colin Favre-Bulle
Genre : Théâtre
Public : Tout public
Durée : 1H
Vivantmag avait déjà chroniqué un spectacle de la Compagnie Ginkgo Biloba Théâtre, « Elise ou la vraie vie ». C’est donc tout naturellement qu'elle a demandé à ce qu’un chroniqueur vienne découvrir son dernier opus, « Ma grand-mère disait ». La Manufacture des Abbesses se situant dans mon quartier, je me suis proposée et j’ai très bien fait !
« Ma grand-mère disait » repose sur les souvenirs d’enfance du poète Serge Pey, présent ce soir dans la salle. Né dans une famille pauvre de la Catalogne montagnarde, il rend hommage à ses parents, républicains espagnoles et résistants. Le texte est superbe : dense, poétique, riche de la philosophie pragmatique des gens de la terre, drôle et profond tout à la fois.
Il est porté sur scène par Eva Castro littéralement habitée par le récit et l’ensemble des personnages qu’elle incarne seule. Sa performance est d’autant plus remarquable que le dispositif scénique est réduit à sa plus simple expression : un plateau nu que seul habite un pupitre, un joli jeu de lumières et quelques bruitages. Tout repose donc sur son corps et sur sa voix. Le physique de la comédienne, très typé, rend le témoignage authentique. Les ombres chinoises, des déplacements presque dansés et une gestuelle de pantomime démultiplient les possibles. La voix n’est pas en reste. Dotée de son joli accent espagnol, elle se fait grave ou joyeuse selon les circonstances. Les chants révolutionnaires exécutés a cappella en espagnol ou en français sont parfaitement maîtrisés et nous entraînent dans cette sombre période.
« Ma grand-mère disait » est un spectacle comme je les aime. Dans toute sa simplicité, il met au centre le texte et le jeu, pour mieux conter la beauté de ces héros anonymes.
Catherine Wolff