Simon Gosselin

Simon Gosselin

Golem

Un spectacle produit par la Colline (75) et vu au Théâtre de la Colline le 18 mars 2025.

 

Texte Amos Gitaï et Marie-José Sanselme

Mise en scène Amos Gitaï 

Comédien.nes : avec Bahira Ablassi, Irène Jacob, Micha Lescot, Laurent Naouri, Menashe Noy, Minas Qarawany, Anne-Laure Ségla

Musiciens : Alexey Kochetkov au violon et synthés, Kioomars Musayyebi au santour, Florian Pichlbauer au piano

Chanteuses : Dima Bawab, Amandine Bontemps, Zoé Fouray, Sophie Leleu, voix et harpe, Marie Picaut en alternance

Recherches : Rivka Markovitski Gitaï 

Assistanat à la mise en scène : Céline Bodis, Talia De Vries, Anat Golan

Lumières : Jean Kalman assisté de Juliette de Charnacé 

Son Eric Neveux 

Vidéo : Laurent Truchot

Genre : Spectacle pluridisciplinaire

Public : Adulte

Durée : 50 minutes

 

De par mes origines, où parce que, dans la pensée magique qui est mienne, j’en ai besoin, la légende du « Golem » est une histoire qui m’est chère. J’ai donc eu envie de découvrir la nouvelle lecture qu’Amos Gitaï en proposait. J’en suis ressortie des plus mitigée et sur le fond et sur la forme.

 

Figure légendaire issue de textes kabbalistiques, le Golem est une créature d’argile créée pour protéger la communauté juive en réaction aux persécutions. C’est dans la Prague du XVI°, en proie à un énième pogrom, que l’histoire prend véritablement son essor avec la figure du rabbin Leib.  C’est essentiellement de cette source, racontée par Isaac Bashevis Singer, qu’Amos Gitaï s’inspire.

Le projet est démesurément ambitieux : vingt-trois interprètes sonorisés (9 régisseurs, 7 comédiens, 7 musiciens), un film introductif, des projections des scènes jouées sur les éléments de décor en suspension depuis les cintres, une ouverture de scène maximale avec un plateau jonché d’habits version installation de Boltansky, 4 spots musicaux (percussion et cithare, piano, violon et électro, harpe), 9 langues parlées (français, yiddish, allemand, anglais, arabe, espagnol, hébreu, ladino et russe). Il s’agit de créer une mosaïque. Mosaïque sensorielle entre vidéo, théâtre, chant et musique instrumentale. Mosaïque spatio –temporelle pour raconter la longue histoire de persécutions qui est celle du peuple juif. Mosaïque comme une ode à la diversité et dont l’origine plurielle des interprètes serait la caution. C’est là, à mon sens, que le bât blesse.

Sur la forme, cette débauche de moyens écrase toute sensibilité, divertit les sens et rend le spectacle d’autant plus difficile à suivre que la narration est confuse et que cela joue fort peu. Mention néanmoins spéciale à Micha Lescot qui en impose par sa belle voix posée et par le cabotinage d’acteur dont il est capable et qui apporte un humour bienvenu. Notons aussi la grande réussite musicale et vocale du spectacle et sans laquelle il serait résolument insupportable.

Sur le fond, c’est le malaise d’un traitement doloriste et presque propagandiste qui m’a saisi. Je ne suis pas sans comprendre que le pogrom du 7 octobre a tellement réveillé les fantômes qu’on en vienne à invoquer de nouveau le Golem. Même si le Golem de la pièce obéit à son créateur et ramène la vérité (ce que signifie son nom), le Golem que représente ce spectacle pour Amos Gitaï semble lui avoir échappé à ce point qu’il en omet totalement de mentionner les souffrances du peuple voisin collectivement puni par un autre Golem, bien réel celui-là.  Et ce n’est pas le vague vernis universaliste qui m’ôtera ce terrible embarras.

 

J’ai eu plaisir à revisiter la légende du Golem. La partie musicale du spectacle est de toute beauté. Mais l’ensemble est chaotique, bavard et tendancieux.

 

 Catherine Wolff

 

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