Le Margherite
01 mars 2025Spectacle de la Compagnie Tant'amati (Bruxelles) vu au Théâtre des Doms (84) le 14 février à 20h, dans le cadre du festival de danse « Les Hivernales ».
Auteur : Erika Zueneli
Comédiens : Louis Affergan, Charlotte Césaire, Benjamin Gisaro, Matteo Renouf, Charly Simon
Mise en scène : Erika Zenueli et Olivier Renouf
Genre : Danse contemporaine, théâtre, chant et musique
Public : Tout public
Durée : 50 min
Et si la vie n’était faite que d’éternels recommencements et changements de trajectoire, mais jamais d’une fin en soi ? Plongée dans un univers absurde, comique et plein de sensibilités.
Durant 50 minutes, cinq danseurs-interprètes livrent une improvisation presque totale. Passant de la danse au théâtre, c’est sur une ambiance sonore créée en live par Sébastien Jacobs que la pièce se dessine. Les artistes cassent et questionnent les codes sociaux, sociétaux et artistiques.
Les interprètes partent à la redécouverte de l’espace et des relations inter-individuelles. J’ai adoré leur jeu autour de la répétition d’actions et de mouvements : l’auteure sensibilise, au travers de sa pièce, aux troubles physiques et psychiques tels que les tics et le syndrome de Gilles de la Tourette. Les artistes s’amusent aussi avec des répétitions orales, influencées par « Le bégaiement du beau Beaubourg » de Michelle Grangaud. Ils jouent avec les imprévus, la non-anticipation et les décalages, qui sont autant d’outils qui ont remis en question ma vision des choses.
Tout au long de la pièce, les interprètes accordent une importance aux vêtements : ils se vêtissent et se dévêtissent, s’accordent et se désaccordent. Là encore, ils requestionnent les codes vestimentaires et les conventions sociales. Les changements incessants sont accompagnés de leurs allers et retours entre le plateau et les coulisses, ce qui crée une sur-stimulation des sens chez le spectateur. Ils s’emparent de ce qu’ils ont sous la main : des vêtements, une table, une chaise et finalement une bâche. On y retrouve l’influence de l’artiste Erwin Wurm qui redéfinit l’utilisation qu’on fait des objets du quotidien.
L’ambiance sonore est importante car les artistes en dépendent. Ils composent autant sur de la musique classique, que sur de la variété ou de la vidéo YouTube… D’ailleurs, le titre « Le Margherite » et non la marguerite, fait écho à la chanson italienne « margherita » de Richard Cocciante sur laquelle Erika Zenueli (auteure) dansait dans les booms de sa jeunesse.
J’ai assisté à une parenthèse incompréhensiblement compréhensible de la vie et de ses mœurs discutables. Entre des références personnelles de l’auteure, ses influences artistiques et le talent d’improvisation des interprètes, « Le Margherite » pourrait se résumer à un beau mélange de folie douce et d’humanité.
Inès Palain
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[Chronique réalisée dans le cadre d'un partenariat avec Avignon Université, par les étudiants du Master Culture & Communication]