Casimir

Crédit photo : Erik Duckers

Un spectacle produit par la Compagnie Arts & Couleurs  (Be) et vu au Totem à Avignon le dimanche 2 mars 2025.

Écriture collective : d’après le conte « Casimir »de Grégoire Solotareff 

Mise en scène : Jean-Michel Frère

Interprétation : Martine Godard, Sabine Thunus et Nicolas Duvauchel

Genre : Théâtre d'objets

Public : Jeune public - Tout public dès 6 ans

Durée : 55 min

Une thématique essentielle, une scénographie ingénieuse et réjouissante, une intelligente sensibilité : la recette d’un coup de cœur du théâtre jeunesse !

Par une froide nuit d’hiver, la famille de Casimir arrive au village des lutins. D’emblée, leur différence se voit comme le nez au milieu de la figure : que font ces chapeaux bleus parmi les rouges ? Pas question de les renvoyer d’où ils viennent dans ces conditions glaciales. Mais alors, qu’ils ne s’installent pas définitivement, ou alors pas trop près du reste du village… Car les Casimir sont gentils, mais ils sont un peu trop envahissants. Un peu trop bruyants. Bref, un peu trop différents.

Ce quinzième spectacle de la compagnie belge est un trésor d’inventivité et de plaisir ludique, qui présente le théâtre d’objets sous son plus beau jour ! Chaque élément du décor est finement travaillé, à commencer par le grand tronc couché qui occupe le centre du plateau. On atteint le ravissement lors de la transformation puis de l'ouverture de ce dernier, qui révèlent des cabanes aux multiples détails - qui réveilleront à coup sûr l’imaginaire de votre enfant intérieur. 

Aimanter par ici un sapin touffu de la taille d’un pouce, déclencher des loupiotes pour évoquer des multitudes de fenêtres miniatures, détourner des objets du quotidien en maisons de lutins… Entre ces bricolages de bric et de broc et les flocons de neige, je me laisse porter par la sensation merveilleuse de grand jeu permanent.

Les adresses au public et la présence d’une régie au plateau renforcent encore la sensation de complicité et de projection immersive dans l’univers de la pièce. La générosité des comédien·nes est tout simplement remarquable ; chacun·e campant avec ferveur une multitude de micro personnages, avec une netteté de jeu qui confère à tous·tes une identité distincte et lisible. Même si certaines longueurs ou redondances peuvent parfois se faire ressentir, l’énergie est au rendez-vous ; et surtout, la manipulation à vue est maîtrisée avec virtuosité.

« Casimir » illustre parfaitement le pouvoir du spectacle jeunesse : utiliser la légèreté pour aborder des thématiques profondes et essentielles - l’immigration, la xénophobie, le racisme ordinaire. Un sujet dont il est probablement inutile de souligner la pertinence et l’actualité ; sur lequel il est donc, plus que jamais, essentiel d’inviter la nouvelle génération à réfléchir. 

Marine Laffort

--

[Chronique réalisée dans le cadre d'un partenariat avec Avignon Université, par les étudiants du Master Culture & Communication]