Vaisseau familles
09 avr. 2025Un spectacle produit par le Collectif Marthe (42) et vu au Théâtre de la Bastille le 8 avril 2025.
En coproduction avec : la MC2 : Grenoble – Scène Nationale, La Comédie de Clermont-Ferrand – Scène Nationale, Théâtre de la Croix-Rousse, Théâtre de la Bastille, Théâtre des Îlets – CDN de Montluçon, La Passerelle - Scène Nationale de Gap, La Maison du Théâtre d’Amiens, Le Centre Culturel de la Ricamarie.
Mise en scène, jeu et écriture : Clara Bonnet, Marie-Ange-Gagnaux, Aurélia Lüscher et Itto Mehdaoui
Accompagnement mise en scène et direction d’actrices : Nelly Pulicani
Regard dramaturgique : Leïla Adham / Stagiaire dramaturgie : Mia Rambaldi
Regard chorégraphique : Cécile Laloy / Scénographie : Lucie Auclair
Création silhouettes et postiches : Cécile Kretschmar / Création costumes : Léa Gadbois-Lamer
Régies générale, lumières et plateau : Clémentine Pradier
Création lumières : Maureen Bain
Régies son et plateau : Camille Lazaro
Musique scène des termites : Bédis Tir
Direction de production et diffusion : Florence Verney
Genre : Théâtre contemporain
Public : Spectacle adulte
Durée : 1H 30.
Je ne connaissais pas le collectif Marthe. Mais le synopsis de « vaisseau familles » m’a plu et j’ai confiance en la programmation du Théâtre de la Bastille. Très belle découverte.
« Au-dessus de vos têtes se trouve un récit familial ».
Ainsi commence « vaisseau familles » et son entreprise d’interroger le modèle de la famille nucléaire comme unité de consommation, dominant dans nos sociétés. Le covid en a révélé le marasme ; le collectif Marthe entend nous en montrer la construction historique et proposer d’autres modèles.
Le spectacle alterne les scènes de confidences entre les 4 jeunes femmes autour de leur famille, de la condition des femmes, de la distorsion historique et la mise en jeu des réflexions qui en découlent. Pour chacun de ces tableaux, l’une des 4 comédiennes commente à la façon d’un chercheur (historien, philosophe, éthologue, anthropologue), ce que les trois autres interprètent. Le discours est très sourcé (de Foucault à Michèle Perrot en passant par le code civil avant sa révision en 2014) ; le jeu est très enfantin au sens noble du terme. Avec trois bouts de chiffon et moult perruques, les actrices jouent à une sorte de « on dirait que ». Elles sont, toutes les quatre, en voix naturelle, stupéfiantes dans leur capacité à se métamorphoser tant physiquement que psychologiquement. Elles font feu de tout bois pour créer une atmosphère avec un rien : une armoire normande, un lit double, deux allemandes brodées, des dentelles, des changements à vue et les coursives. L’imagination aux commandes, elles proposent des scènes d’une rare truculence, drôles et politiques à la fois. J’ai particulièrement apprécié la maisonnée du Moyen âge, l’acmé du patriarcat au XIX°, la famille lambda des années 70 et l’organisation sociale des termites.
« Vaisseau familles » est un spectacle engagé qui sait parfaitement doser politique et légèreté, intime et universel, militantisme et jeu.
Catherine Wolff