Adaptation du texte : Olivier Salazar-Ferrer

Portée sur les planches par : TM Production – Compagnie Théâtre de la Mouvance

Mise en scène de: Yves sauton

Jouée par : Erwan Alec, Geneviève Mancino, Manuelle Molinas

Sous l’œil complice, éclairant et éclairé de : Julie Arcq

Et la présence musicale de : Jean Cohen-Solal

C’est un spectacle : Théâtre tout public (durée  1h)

 

Ce Spectacle a été vu le : 22 juillet 2008

Dans le cadre de : Avignon Festival et Compagnies : le Off 2008

Et le lieu du: théâtre des Ateliers d’Amphoux - Avignon

 

En résumé :

C’est une adaptation pour la scène d’un texte poétique retraçant l’histoire beaucoup moins poétique d’un peuple. Bref : c’est un exercice très délicat qui bien souvent se solde par un désagréable et ennuyant moment à passer pour le spectateur…

 

Mais encore… :

Olivier Salazar-Ferrer a souhaité faire vivre sur la scène le texte poétique « L’Exode » de Benjamin Fondane. Pour cela, c’est à trois voix qu’il lui a fait prendre corps. C’est une excellente idée quand on voit et entend à longueur de temps de tels textes lus d’une unique voix lascive et monocorde, qui plus est pauvrement mis en scène… Un premier écueil a donc été évité : c’est bien à un véritable moment de théâtre que l’on assiste.

Reste que le sujet n’est pas des plus réjouissants et ferait même penser à la thématique habituelle des mercredis d’Arte. Pour peu, on imaginerait presque voir un spectacle en noir et blanc… C’est sans compter sur l’écriture de Fondane qui, comme Baudelaire et sa « Charogne », nous fait l’éloge de la pire des laideurs, de la plus magnifique des manières… deuxième écueil évité. 

Restait à la compagnie du Théâtre de la Mouvance de relever le défi à le porter sur les planches, puisqu’il s’agit là d’une commande… et  c’est une réussite.

On assiste donc au final à un spectacle de théâtre d’une grande qualité et d’une fine sensibilité que les trois comédiens portent avec beaucoup de talent. Certains moments de scène font sentir toute la force qui s’arrache des mots, notamment celui de la « danse » interprétée par Manuelle Molinas. Et puis tout cela est accompagné par la flute d’un enchanteur en la personne de Jean Cohen-Solal ; sans partition et en improvisation, il suit les mots, les sens, les sentiments, les mouvements et les silences leurs faisant écho. La mise en scène est épurée, simple et rigoureuse… tous les éléments pour partager un moment  d’une rare qualité sont donc réunis.

Et pourtant, on pourrait reprocher au sortir, que ce spectacle soit « trop beau » pour de tels propos traités… A cela Fondane répond :

"...un jour viendra sans doute, quand le poème lu se trouvera devant vos yeux. Il ne demande rien! Oubliez le, Oubliez le! Ce n'est qu'un cri qu'on ne peut pas mettre dans un poème parfait..."

...c'est ce qu'en d'autres termes on nomme "résilience". C'est ainsi que de la soufrance d'un homme peut naître la plus belle des créations artistiques. L'oeuvre de Fondane est dans cette adaptation alors parfaitement respectée. Il s'agit donc d'un très beau spectacle.

 

Actualité : du 22 juillet au 2 aout à 12h30 aux Ateliers d’Amphoux.

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