Art-et-petite-enfance.jpgSoirée spéciale "Eveil et sensibilisation artistique pour les tout-petits", le 20 Mai 2014, 19h30, dans le cadre des Mardis de la Chapelle, Montpellier (34).


Avec la participation de :

Christine Bolze, réseau "Enfance, Art et Langage" Lyon (69)

Sylvie Lefrère, dir. de crèche (34)

Anaïs Romeo, chorégraphe, Cie du Geste (34)

Etienne Schwarcz, dir. de la Chapelle, musicien.

 

Présentation de travaux, implication du public et débat

 

La Chapelle, est réellement une ancienne chapelle, située au coeur de la cité Gély, quartier gitan. C'est un " lieu de création et d'expérimentation des arts contemporains". D'architecture intérieure circulaire, elle se prête à de nombreux aménagements et permet au public d'être en immersion dans le spectacle. Beaucoup de liberté, pas de barrières. Depuis quelques temps, la Chapelle s'ouvre à des échanges entre spectateurs et créateurs ou chercheurs, à l'occasion des "Mardis". Cette soirée du Mardi 20 Mai est consacrée à la présentation du projet "Plateforme crèche" qui s'est déroulé sur l'année : éveil corporel d'enfants de 0 à 6 ans, avec observation de la retranscription de cet éveil sur le corps sensible.

C'était l'occasion de présenter 3 autres démarches ou recherches qui participent aussi au projet, autour de la thématique du sensible :  "Enfance, Art et langage" , "le Corps en  mouvement", les "Oeuvres immersives". Le sensible est défini ici comme "ce qui fait vibrer le corps".

 

Qu'est-ce que l'Art apporte au tout-petit ? 

 

"La plateforme crèche" (projet autour de S. Lefrère) a "délocalisé" 40 enfants de crèche, qui se sont retrouvés régulièrement à La Chapelle avec un danseur et accompagnés de leurs parents. On a observé que les bébés créent spontanément leur propre chorégraphie avec une grande disponibilité corporelle. Des photos montrent de surprenantes postures chez ces tout-petits. Les enfants évoluent avec leurs parents qui constatent souvent que l'enfant change leur niveau d'écoute. Tous les acteurs sont autour de l'enfant de manière "déhiérarchissée". Il s'agit là d'une démarche innovante qui exige l'investissement des adultes et cela n'a rien à voir avec de l'évènementiel créé avec des bénévoles. Un coin livres et un point où les enfants peuvent dessiner leurs impressions complètent l'installation.

A Lyon, "Enfant, Art et Langage" mène une recherche sur un projet d'ensemble auprès de plusieurs écoles.  Chaque établissement scolaire intègre le travail d'un artiste dans ses locaux. Dans ce schéma, les adultes doivent absolument se rendre disponibles et rentrer dans la démarche de l'artiste et non d'imposer un schéma éducatif. L'enseignant a des objectifs de compétences, alors que l'artiste a un projet. Un changement de pratiques des enseignants commence à émerger de cette recherche et pourrait changer l'école.

"Le corps en mouvement" se transforme en corps sensible, avec les deux faces du sensible : le concret et l'abstrait. J'apprends avec intérêt que le fascia, sorte de peau intérieure, enveloppe les organes et donne à chacun des infos sur l'extérieur. D'où l'importance de la liberté des mouvements chez le tout-petit. Mais l'enfant est tout aussi destructeur que créateur et l'on constate que la danse lui permet d'apprendre beaucoup de choses à partir de la destruction.

Travailler sur "l'art immersif", c'est un des objectifs poursuivi par la Chapelle qui, en reconfigurant l'espace du spectacle, permet à tout de faire sens. C'est ainsi par exemple que la "Plateforme crèche" montre que l'enfant parle ici de lui dans un registre intime. Le rôle de l'artiste est de lui permettre de faire l'expérience du sensible, dans toutes les acceptions du terme : incarné, produit, verbalisé.

 

Les intervenants réfléchissent à l'évaluation des résultats de leur travail dans différents domaines : observation de changements chez les enfants, interrogations sur les pratiques professionnelles, approfondissement de la recherche autour du sensible, soutien à la parentalité. Etienne Schwarcz conclut cette rencontre riche en informations et en questionnements : "Nous sommes les ouvriers d'après-demain pour mieux vivre ensemble". Souhaitons que, par sa profondeur et ses enjeux, ce projet puisse continuer à nourrir les réflexions sur l'importance de la vie artistique pour le développement et l'épanouissement de l'enfant.

 

Catherine Polge

Retour à l'accueil