Atelier Ourcéanie "Neurosciences et Enfance"
05 mai 2014Atelier organisé dans le cadre du 4e festival "Ourcéanie", théâtre de Villeneuve-lès-Maguelone (34), le 16 Avril 2014, 9h30-12h.
Pilotage scientifique : Emmanuel Valjent, Pierre-François Méry (chercheurs en neurosciences) et Nathalie Blanc, Gina Devau (chercheuses en psychologie)
Artiste invitée : Camille Llobet (Lyon).
A l'occasion d' "Ourcéanie, territoires imaginés pour l'enfance et la jeunesse", en complément des spectacles, le théâtre de Villeneuve-lès-Maguelone organise des ateliers thématiques à l'intention des professionnels: "Neurosciences en Enfance" était l'un d'eux. Avec une trentaine de participants réunis autour d'une artiste et de quatre chercheurs, l'atelier s'est déroulé en deux temps, neurobiologie puis psychologie. Autour des questions associant l'enfant et la démarche artistique, les échanges ont été très riches, avec de précieux éclairages scientifiques. En voici un bref résumé, axé plus précisément sur quelques aspects importants de "l'enfant spectateur".
L'ENFANT SPECTATEUR
La valeur émotionnelle des spectacles est un critère de motivation important pour l'enfant, en fonction de son âge. La manière dont l’enfant dirige son attention, intègre les sensations, engrange et classe les informations, tout cela évolue au fil de son développement. Certaines étapes, dites "fenêtres d'opportunité" sont même des périodes au cours desquelles l'enfant doit recevoir impérativement une imprégnation spécifique afin de poursuivre un développement harmonieux.
Apprenons à cette occasion que pendant les (5-6) premières années de vie de l'enfant, les connexions entre les neurones du cerveau s'établissent au rythme de 50 000 connexions/minute. A cette vitesse, jamais atteinte in utero, des assemblées de neurones se construisent donc en se nourrissant d'expériences précoces. Ce support cérébral semble expliquer l'incroyable faculté d'apprentissage des tout-petits. Plus tard, vers l'adolescence, une petite proportion de ces connexions va disparaître naturellement, suggérant une sélection de réseaux efficaces ou pertinents, et un raffinement du cerveau de l'adulte vers plus d'efficacité.
Chaque enfant spectateur est différent. Des recherches récentes montrent que chez l'animal, on observe des petites traces à la surface de l’ADN (support de l'information génétique héréditaire), qui ne sont pas des mutations génétiques. Ces traces, qui peuvent sauter une génération, seraient-elles les marques de bonnes ou de mauvaises expériences vécues par les ascendants? Encore à l'état d'hypothèse, on peut se demander si certains stimuli heureux ou douloureux pourraient provoquer un hyper développement de circuits nerveux.
Soulignons enfin l'importance de l'accompagnement de l'enfant pendant les spectacles. Négatives ou positives, les émotions sont des vecteurs de souvenirs, l'imaginaire ne se développe pas à partir de rien. Observons l'enfant, ses postures, mimiques, vocalisations, pour déterminer quand il connaît des émotions. Et si devant un spectacle l’enfant fait lui-même un tri, il attache tout de même de l'importance aux éléments associés au spectacle.
Catherine Polge
(texte relu par un intervenant)