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Spectacle de l'association Parsemila (34) et de la compagnie Atirdel (34), vu le 13 Octobre 2013 à Prades-le-Lez dans le cadre des 6è Journées de l'Environnement.


Ecriture : Emmanuel Guyot

Mise en scène : Kamel Guennoun et Charlotte Tessier

Collaboration artistique : Frédérique Broto, Charlotte Tessier

Interprétation : Emmanuel Guyot (comédien) et Sébastien Belin (musicien et chanteur)

 

vivant-3-toiles-4Genre : déambulation, arts du chemin

Public : tous à partir de 10 ans

Durée : entre 1h et 1h15

Jauge : 50 

Création 2013 

 

L'association Parsemila (active dans les domaines du théâtre et de l'éducation à l'environnement) et la compagnie Atirdel (orientée sur la musique, la danse et la poésie) associent leur pratique de la balade contée dans "Chemin vivant".


Notre petite troupe d'une cinquantaine de spectateurs (dont beaucoup d'enfants) est conviée au pied d'un micocoulier de bonne taille, sur une place de Prades. Appuyé contre le tronc, un "être" mystérieux (Sébastien Belin) joue de la flûte. Tout en couleurs d'écorce et de terre il porte un demi-masque, un costume ample et souple ainsi qu'une grande sacoche. Le spectacle commence avec une introduction contée par Emmanuel Guyot. Il nous emmène dans un monde magique d'anges invisibles, puis s'efface. Revenant ensuite en guide touristique enthousiaste, il nous invite à le suivre dans une visite culturelle du village, sérieuse et argumentée. Au fil de notre déambulation dans les vieilles rues, les premiers occupants de Prades sont évoqués avec la transhumance et les fortifications ; et les thèmes récurrents de l'eau, du cycle de la nature et de la vie et de la mort sont abordés de manière imagée. Mais tout n'est pas simple pour notre guide car le musicien, ange invisible à ses yeux, nous accompagne de sa présence mystérieuse. Avec les belles sonorités de ses étranges instruments, il attire notre guide sur les chemins de traverse de la poésie et de l'imaginaire. En un mot, il lui fait perdre le Nord ! Lorsque le charme s'estompe le malheureux guide récupère ses esprits, et s'écriant  "suivez le guide et restez groupés" il nous incite à galoper à sa suite. Cahin-caha, de surprises en découvertes, la marche aboutit aux rives sauvages du Lez où la visite finit en apothéose.

J'ai apprécié l'association harmonieuse de deux artistes si différents. Dommage qu'à la suite d"un malentendu avec les organisateurs le lieu de rendez-vous ait manqué de précision, créant un certain flottement qui a perturbé l'écoute du début du spectacle. Emmanuel Guyot, bien que malade ce jour-là, était très dynamique dans le rôle du guide ; alternant avec les ruptures poétiques imposées par "l'ange". En nous faisant explorer un patrimoine culturel, il  nous fait vivre des phénomènes du cycle de la nature qui nous sont invisibles. Nous voici gouttes d'eau entraînées dans un long et périlleux voyage, ou encore grains de blé inquiets en attente de transformations... C'est un jeu d'une grande force et d'une belle originalité auquel le public s'est plié avec grand plaisir, des commentaires ultérieurs me l'ayant confirmé.

J'ai également beaucoup apprécié la musique et les chants de Sébastien Belin. Il accompagne notre cheminement avec des tambours et des instruments aux sonorités rares, tels le hautbois arménien, le kalimba (clavier à pouces africain), la guimbarde indienne ou la flûte de Bali. Et quel enchantement lorsqu'il improvise un chant tout de vibrations du diaphragme et des cordes vocales !

En visitant ainsi Prades-le-Lez j'ai découvert, grâce à l'association de l'imaginaire et du réel, de la musique et du discours, des aspects de la ville qui m'étaient inconnus. Au-delà de la simple visite touristique, ce spectacle pose les questions de l'interpénétration de la nature et du patrimoine historique, dans une réconciliation du cycle de la vie et des constructions humaines. Aussi, je ne peux que suggérer aux nouveaux "rurbains", aux anciens des villages et en particulier aux enfants de déambuler sur ce Chemin Vivant, entre patrimoine visible et cycles cachés de la nature.

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