ConSéquences
01 juil. 2014Spectacle de la compagnie "les Paraconteurs", vu le 16 mai à l'IVT (International Visual Theatre, spécialisé dans l'accueil d'un public malentendant), à Paris IX.
Mise en scène: Alexandre Pavlata
Avec: Eric Druel et Mathieu van Berchem.
Genre: spectacle visuel (clown et mime)
Tout public dont public malentendant (les comédiens parlent le langage des signes)
Durée: 1h
Création 2014
Quand deux quidams se rencontrent, qu'est-ce que ça donne? un spectacle hilarant sur un sujet qui l'est beaucoup moins, la mort. Le spectacle s'ouvre sur une rencontre impossible. On se croise, on se remet sans se remettre, on s'échange des cartes de visite. L'échange tourne au pugilat quand la sonnerie divine - le téléphone - annonce un décès. Nos deux compères se retrouvent enfin, mais éplorés autour d'une urne funéraire. Ils ânonnent des litanies en latin quand, tels deux gosses qui s'ennuient au catéchisme, l'espièglerie les saisit. Mieux, la Tentation. Et si on jetait un coup d'oeil dans l'urne? histoire de voir ce qu'il en est de cette mort. La grande mascarade, fort irrévérencieuse et tellement cathartique, peut commencer.
On se joue de la mort comme on joue avec la cendre répandue après la chute inévitable de l'urne; on s'imagine au Paradis où même l'Emmerdeur a sa place. Les trompettes du Déluge retentissent, on se fait jeter du Paradis mais on se retrouve sur Terre même si c'est au degré zéro du vivant, l'amphibien. Qu'importe, on mange, on coasse, on grandit. L'humain revient à la vie au gré d'étapes qui sont autant de jeux pour redevenir "je": la sortie en boîte, les battles, le psy, les jeux de l'amour et du hasard, le théâtre.
La force de ce spectacle qui emprunte, par sa forme, au cinéma muet, tient à l'interprétation impeccable des comédiens. Nos deux Laurel et Hardy utilisent tous les ressorts du comique avec une telle sagacité du geste et de la mimique que les situations ne sont jamais forcées. Leur impassibilité est telle que les plus énormes audaces restent dénuées de toute provocation. On rit de bon coeur, allégé de cette question existentielle - au final jamais vraiment résolue. C'est peut-être ce que souligne le léger flottement de la fin.
Catherine Wolff
(photo: Dominique Hogard)