Spectacle de la Cie "Conduite Intérieure" (30), vu le samedi 10 mai 2014, à Saint Laurent d’Aiguouze (30), dans le cadre de la résidence « Vivons le Théâtre en Petite Camargue ».

  

Auteurs: Dario Fo et Franca Rame

Mise en scène: Christian Chessa

Avec: Nicole Colchat et Tony Cecchinato.


vivant-3-toiles-4Genre: théâtre

Public: adulte

Durée: 1h

Création 2014

 

Christian Chessa reprend ce texte qu’il avait déjà mis en scène il y a quelques années, en proposant une version qui peut être jouée en appartement, et dans toutes sortes de lieux, au plus proche du public. Les spectateurs sont installés de part et d’autre de l’espace scénique, sur des gradins disposés de manière bi frontale, les acteurs évoluant au milieu dans un décor extrêmement allégé.


 Cette installation convient particulièrement à cette banale et intemporelle histoire de couple. L’épouse accumule scènes de ménage et menaces de suicide dictées par les frasques d’un mari volage. Les spectateurs sont pris à témoin par les personnages, chacun tentant de justifier son comportement. Le mari, obtus macho, se trouve de multiples bonnes raisons pour « aller voir ailleurs », et veut imposer à son épouse sa conception du couple « ouvert à deux battants », à vrai dire surtout de son côté… ce qui ne l’empêche pas de jurer à son épouse qu’au fond, il n’aime qu’elle, comme un refuge, une « maman », alors qu’elle rêve juste d’être désirée, aimée physiquement! De guerre lasse et pour sauver ce qui peut l’être, elle finit par céder à ses desiderata et évolue vers cette liberté de moeurs. Elle change alors son look, son comportement, sort de chez elle… Mais elle est une femme, et elle ne peut décidemment se cantonner à une relation purement sexuelle, finissant par tomber amoureuse d’un autre homme, (quasi) parfait! Ceci alors n’est plus du goût du mari, la situation initiale bascule, et c’est maintenant lui qui fait des scènes et veut se suicider!


 Les acteurs campent des personnages ordinaires, auxquels chacun de nous peut s’identifier, d’autant plus qu’en l’occurrence, les comédiens jouent au milieu de nous, et c'est presque comme si nous étions entre amis, témoins de leurs difficultés. Le rythme est vif, c’est certes souvent drôle, mais l’on devine en filigrane le profond besoin d’être aimé et respecté, particulièrement mis en évidence dans le rôle de l’épouse par Nicole Colchat. On ressent une profonde empathie pour son Antonia, pourtant pas si résignée qu’on pourrait le penser… C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé l’écriture si particulière des époux  Fo/Rame, acide, grinçante, émaillée de dialogues souvent crus et cinglants, mais tellement réaliste et inspirée du quotidien.


 Cathy de Toledo

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