Des souris et des hommes

Spectacle de la compagnie de l'Illustre Théâtre (34), vu à l'Illustre Théâtre, Pézenas (34), le 15 Nov.2014, 21hDes-souris-et-hommes.jpg

D'après John Steinbeck (1936)

Adaptation et mise en scène : Georges Bégou

Avec : Olivier Cabassut, Gérard Mascot, Flore Padiglione, Daniel Trubert

Décors : Marc Barroyer

Genre : Théâtre

Public : Tous à partir de 10 ans

Durée : 1h15

Création 2014

Nous sommes environ 200 dans la "grande salle" du théâtre.

L'intrigue de la pièce est fidèle à celle du roman et se déroule en Californie, sur fond de crise des années trente pendant "la grande dépression". La vie est très dure. George et Lenny, amis d'enfance, se préparent une fois de plus à travailler dans un nouveau ranch. Ils sont saisonniers et louent leurs bras de ferme en ferme en caressant le rêve de cultiver un jour leur lopin de terre. George a jadis promis de prendre soin de Lenny, car celui-ci est un géant à l'esprit d'enfant qui s'attire des ennuis à cause de fascination pour tout ce qui est soyeux. Mais il ne contrôle pas sa force et ses caresses naïves peuvent mal tourner, à tel point qu'ils sont parfois obligés tous deux de s'enfuir. Cette fois-ci, l'issue scellera leur destin.

Bien que je connaisse le roman, j'ai été tenue en haleine par la montée en puissance de l'action et des émotions dans cette adaptation qui respecte la force brute, la sobriété et la mélancolie du texte. Les décors, d'une beauté réaliste sans superflu, participent à l'intensité du spectacle. Dès la première scène, Georges (O.Mascot) et Lenny (D.Trubert), assis sur un tronc d'arbre couché dans un sous-bois, paraissent terriblement seuls et inquiets en se préparant à affronter un monde cruel où George lutte pour que son ami ait une place. Ensuite au ranch le malaise augmente, dans la chaleur écrasante et l'ambiance lourde renforcées par les couleurs du décor figuratif. Dès leur arrivée les deux amis sont confrontés aux rêves et désillusions des ouvriers, à la violence du jeune patron et à l'errance de sa femme. Malgré les efforts de Georges, Lenny, poussé à un geste irréparable, doit s'enfuir. Les voici rattrapés par la fatalité, à nouveau seuls près du tronc d'arbre couché : la boucle se referme au moment où George prend une décision terrible mais tellement remplie de tendresse, que l'on ne peut qu'accepter la dureté de cette fin.

Impossible d'oublier ces personnages englués dans leur destin. C'est la vie qui grouille dans les élans, les renoncements, les colères, les lâchetés, chez tous les hommes du ranch qui sont interprétés avec brio par O.Cabassut. Un rôle ambigu et risqué, celui de la jeune femme séductrice, est traité avec subtilité par F.Padiglione. Quant à D.Trubert et O.Mascot, ils  forment un inoubliable duo, bancal, tendre et drôle. George toujours en tension entre exaspération et tendresse douloureuse et Lenny si touchant dans sa naïveté : ils nous inquiètent, nous font rire et pleurer. La salle a longuement applaudi ce beau spectacle.

D'un certain intérêt historique, "Des souris et des hommes" met en scène la complexité des émotions et des relations chez des êtres qui se débattent pour survivre. Le couple Lenny-George, bancal et émouvant, est riche d'enseignements. Ce spectacle très fort et généreux convient à tous publics. Grâce au texte simple et efficace, les plus jeunes découvriront facilement une grande oeuvre qui, en milieu scolaire, peut ouvrir des débats sur de nombreuses thématiques.

Catherine Polge

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