L'Inconnu: tragédie au cirque
25 janv. 2015Spectacle de la Cie Pile ou Versa (05), vu le 31 Oct. 2014, au Théâtre de l'Albarède, Ganges (34), 20h30
Création d'après le film muet de Tod Browning, 1927
Mise en scène : Daniel Lawless
Avec : Anabelle Galat-Zarow, Sophie Gauthier, Simon Gillet, Robin Vargoz
Musique d'Eric Satie et compositions de la Cie
Genre: Théâtre
Public: Adultes et adolescents, déconseillé aux moins de 8 ans
Durée: 1h
Création: 2009
est un lieu ouvert de soutien à la création, de médiation culturelle, et de formation du spectateur. L'équipe a longuement préparé cette journée d'Halloween 2014 : après-midi destiné aux enfants, et ensuite soirée pour les adolescents et les moins jeunes. Six structures culturelles locales, dont les élèves de l'école de théâtre, se mobilisent ainsi pour la réussite de la soirée. Sur scène, ambiance noir et blanc, et un piano. Le titre du spectacle a été tenu secret jusqu'au dernier moment.
Il s'agit d'une rivalité amoureuse tragique dans un cirque forain. Alonzo, fier hidalgo sans bras mais lanceur de couteaux avec ses pieds, et Malabar l'Hercule sont tous deux amoureux de Nanon, fille du directeur. Mais celle-ci a une peur panique des mains des hommes. De mystères en révélations, d'explosions dramatiques en situations hilarantes, l'intrigue se déroule entre le Grand Guignol et le fantastique, mêlant l'amour, la vie, la mort. Une belle adaptation.
La compagnie restitue l'ambiance et le style du cinéma muet : ombres et lumières, dégradés de noirs et blancs, jeu, cadence, musique et bruitages, cadrages des scènes, tout y est. Maquillages et costumes jouent habilement du noir et du blanc, sans caricature. L'ambiance est fantastique, avec de la violence et du monstrueux. Il y a du rouge violent pour la passion et le sang, une amputation brutalement évoquée, un personnage utilisant ses pieds comme des mains, un nain difforme et ambigu. J'ai été impressionnée par l'ambition de la mise en scène, qui évite les poncifs du genre. Dans ce contexte hors norme, les comédiens sont excellents dans leurs pantomimes, postures, mimiques et dialogues. Pathétiques, sentimentaux, mystificateurs, tragiques, ou ridicules, ils expriment de multiples subtilités de la vie. C'est un spectacle bien construit, qui tient en haleine et d'une belle recherche esthétique. L'éclairage jongle avec les nuances de blanc, noir et sepia, découpant parfois des scènes fortes, comme le jeu de mains autour du piano, ou l'ombre de doigts menaçants. Et brusquement, une rupture humoristique vient détendre la salle ! Au piano, la musique de Satie, pleine d'humour, accompagne efficacement la complexité de ce spectacle fantastique. Eblouissant !
Spectacle
Catherine Polge