Inoffensif [Titre provisoire]
22 juil. 2014 Vu le 19 juillet 2014 au Girasole au festival Off d'Avignon. Spectacle de la compagnie La Martingale.
Interprètes : Jérôme Rouger, Patrick Ingueneau
Musique originale et jeu : Patrick Ingueneau
Vidéo : Elisabeth Boisson
Son et régie : Vincent Lauret
Lumières et régie : Cédric Ridouard
Durée : 1h15
Public : A partir de 12 ans.
Inoffensif [Titre provisoire] est une sorte d’ovni sérieusement drôle et drôlement sérieux qui interroge la société moderne, son évolution, ses mécaniques de spectacle et de langage « maîtrisé ».
Jérôme Rouger aime écrire de manière morcelée, tendre des pièges, s’adresser au public par le biais de ‘’paroles’’ projetées sur un écran et de situations humoristiques plutôt débridées. Il rend tour à tour la parole muette, ou musicale, mais la parole vivante parce qu'elle est lue ou entendue en direct par le public, sur un écran ou en voix off. Et qu’elle piège toutes nos attentes, évidemment.
Le public s’installe dans la salle, un écran de fond de scène indique qu'aujourd'hui c'est fête, que Zorro doit arriver dans quelques minutes, que Bernardo va le précéder, et qu'en hommage au handicap de Bernardo, le spectacle sera sous-titré.
La situation est décalée. Un spectacle sur Zorro vous dites ? Sous-titré ?
Après un long moment où il ne se passe rien, Bernardo arrive sur scène, et le sous-titrage s'active : "Voici Jérôme Rouger, il est comédien, il est embêté, car il ne sait pas ce qu’il doit faire, ni pourquoi il est là". Surprise et décalage complet. C'est très drôle. On rit. Et ça met tout de suite dans le bain.
A la manière d’un zapping les deux comédiens (Jérôme Rouger est divinement accompagné par le musicien comédien Patrick Ingueneau) vont nous faire vivre diverses situations, tantôt sérieuses, tantôt grotesques, parodiant ainsi tour à tour les mécanismes d'une société économique, culturelle, et politique où la communication règne en permanence avec les mêmes techniques (Show, sondages, effets d’annonces, statistiques, analyses d’experts …) en plaçant le sérieux sur le même plan que l’absurde, comme une mécanique du spectacle, dans la forme et le fond. On passe d’une conférence économique à une mise en scène théâtrale alambiquée..., la crise fait danser la vie, à moins que ce ne soit l’inverse.
Le spectacle questionne sur l’évolution de notre société en pleine crise, façon collage humoristique, à la manière d'un zapping documentaire absurde et artistique.
Jérôme Rouger explore les frontières entre le théâtre et le documentaire et montre que l'on peut parler de choses sérieuses tout en restant joyeux.
Peut-être est-ce là une nouvelle arme de réflexion qui n'épargne pas non plus la question de la place de la parole de l'artiste.
Danielle Krupa / www.allez-zou.fr