L'Emule du Pape
01 juil. 2014Cie Les Zémules (75)
Avignon Off, Théâtre l’Etincelle 16 h 50, du 20 au 31 juillet 2013
Présents sur Avignon Off 2014
Texte de Michel Heim
Avec Jérôme Cuvilliez, Franck Isoart, Cécile Billand, Laurent Plesi, Xavier Sibuet
Tout public à partir de 12 ans
Durée 1 h 20
Après le succès de la Nuit des Reines et de la Nuit des Dupes, Michel Heim s’est inspiré une nouvelle fois de faits historiques et a ressorti de ses cartons un texte écrit au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, et qu’il avait renoncé alors à mettre en scène.
Encore une fois, Michel Heim aborde des faits historiques qu’il nous livre en alexandrins et s’intéresse au pape Alexandre VI, dépravé, libertin, issu de la célèbre lignée des Borgia, et à son ennemi Savonarole, frère dominicain fondateur à Florence d’une dictature théocratique très dure, qui s’est donné pour mission de lutter contre la corruption du clergé catholique.
Sur une scène dépouillée, dont le seul décor est un trône papal perché en haut de trois marches et surmonté d’un dais, 5 comédiens en très beaux costumes très quinzième siècle (dessiné même par Michel Ange pour certain !) vont s’affronter. Il y a donc là le Pape Alexandre VI, deux de ses enfants, César et Lucrèce, et Tazzio, personnage fictif, amant et émule du Pape.
Le Pape fait venir Savonarole au Vatican sous prétexte de lever l’excommunication qui le frappe, car il projette de le décrédibiliser et pour le compromettre, il demande successivement à sa fille, puis son fils, puis son gigolo, de le séduire… Mais c’est finalement Tazzio qui va se laisser embobiner par Savonarole, qui l’enrôle dans sa communauté à Florence, en lui assurant seulement le « gîte et le couvert » !
C’est une attaque même pas voilée (si j’ose dire..) contre toute forme de religion qui porte en elle les germes de la corruption et du fanatisme. Ce texte de plus de 10 ans est hélas toujours d’actualité, et l’on doit aujourd’hui à certains intégristes des exactions et autodafés similaires à ceux perpétrés par Savonarole.
La forme d’écriture en alexandrins permet de faire passer bien des propos osés, voire scabreux, et peut être irrévérencieux pour certains. De nombreux clins d’œil à des œuvres du répertoire classique, mais aussi au répertoire de la chanson populaire, émaillent le texte. C’est franchement bien déclamé, par des comédiens tous excellents, et à un rythme extrêmement soutenu.
J’ai ne connaissais pas Michel Heim et n’avais jusqu’à maintenant ni lu ni vu aucune de ses pièces. C’est donc une révélation, et même si j’étais inquiète dans les premières minutes de la représentation, je me suis laissé porter par l’atmosphère ambiante d’une salle comble, qui n’a pas boudé son plaisir…