L'homme qui tua Don Quichotte
26 juil. 2014Compagnie Premier Acte (69), vu le jeudi 24 juillet 2014 à 14h au Festival d’Avignon au Théâtre Le Petit Chien
De Miguel de Cervantès
Adaptation et mise en scène : Sarkis Tcheumlekdjian
Comédienne : Déborah Lamy
Musicien et création musique : Gilbert Gandil
Genre : Conte Théâtralisé et Musical
Tout public à partir de 12 ans
Durée : 1h
Nouvelle création 2014
Un espace scénique presque vide qui laisse la part belle à la comédienne et au musicien. Déborah Lamy assise sur une chaise tient un livre et Gilbert Gandil est en arrière-plan avec ses guitares. La musique acoustique est complétée par une bande son.
Maquillée fortement d’un masque orientale, qui souligne son regard, elle touche des doigts le livre. Elle va raconter l’histoire de Don Quichotte et de son fidèle compagnon Sancho, puis leur refus que Cervantès, l’écrivain, choisisse leurs destins. Il s’agit ici de la suite des aventures de ces personnages et de leur lien avec leur auteur.
Tour à tour conteuse aux allures de Don Quichotte et Sancho, elle déroule le fil des évènements : la triste réalité du quotidien du personnage puis son départ dans l’imaginaire, ses combats chimériques, sa rencontre avec Sancho. Elle raconte leur amitié naissante qui se renforce car ils sont liés par la volonté d’être pleinement en vie et d’être passionnés par chaque instant. Parfois, elle évoque la présence de l’écrivain et, suite au décès de Don Quichotte, le retour de Sancho à une vie paysanne, dans l’indifférence. Elle affirme leur refus de cette fin tragique de la mort ou de l’ordinaire, leur élan fougueux d’aventures et leur nouveau départ, libre d’auteur !
L’adaptation théâtrale du texte est pleine de poésie, d’humour, d’ironie et de mélancolie. Elle est pleine de jeux, de contrastes et de rythme. La comédienne porte ce texte avec passion d’une voix profonde qu’elle module avec élégance dans de nombreuses variations et avec précision. Elle est accompagnée d’une bien belle musique et d’une belle interprétation ainsi que des lumières qui mettent tour à tour l’appui sur la solitude ou l’éloquence des personnages.
Le metteur en scène a choisi de la faire jouer telle une marionnette indépendante qui rejoue sans cesse la même histoire et propose ainsi une mise en abîme du texte. Cette nouvelle création gagnerait, à mon sens, de casser le quatrième mur pour mettre pleinement à profit la générosité et la force du jeu de Déborah Lamy. Ainsi, laisser respirer davantage des endroits du texte et porter davantage d’émotion. Le choix d’une gestuelle stylisée m’a retiré parfois la possibilité de projeter les personnages.
Ce spectacle est une toute nouvelle création, il prendra sans aucun doute toute sa force poétique dans les représentations à venir. Le public était nombreux et charmé.
Samuel Raynaud