La Croisade des Rabat-joie (No gazaran !)
11 sept. 2013
Spectacle de et par Daniel Villanova (34), vu au Théâtre de la Mer (Sète - 34) le 29 juin 2013 à 21h30.
Genre : one-man show
Durée : 2 h
Tout public
Daniel Villanova a rempli le Théâtre de la Mer avec sa dernière création : « La Croisade des Rabat-Joie (No gazarán !) ». Près de 1 500 personnes se sont déplacées, et je pense que pas une d'entre elles n’est ressortie sans un supplément d’humanité et de joie de vivre. Ce fut un triomphe !
Daniel Villanova explore notre quotidien pour en rire avec nous. Il dresse une liste interminable de personnages (tous plus truculents les uns que les autres) peuplant le village languedocien de Bourougnan, haut-lieu imaginaire (mais est-il si imaginaire que cela ?) du rire et de la dérision. Tout comme un autre fameux village gaulois, Bourougnan résiste à la pensée commune, à l’aliénation médiatique et au désespoir silencieux.
Dans le sous-sol de ce paisible petit village, on découvre un énorme gisement de gaz de schiste. La vie des habitants en est bouleversée ! Tout va être alors contenu dans cette seule question : « Comment Jean-Charles, bourougnannais hors-pair, satiriste insaisissable, trublion tout en ironie, sorte de Groucho Marx mâtiné de Pagnol qui aurait croisé Coluche dans l’ascenceur, va t-il s’y prendre pour sauver le village de cette mort annoncée ? ». Dès la première réplique, et durant près de deux heures de rang, l’auditoire rit de ces exagérations et de ces situations cocasses dans lesquelles l’auteur entraîne ses personnages (et son public !) avec une délectation évidente. Mais est-ce, en fait, aussi exagéré que cela ? Est-ce si loin de la réalité, de notre quotidien ? Pas sûr… Les actions et les événements se déroulent dans une sorte de microcosme méridional où les rapports sont certes exacerbés mais, que cela se situe à Sète ou à Soissons, les caractères interprétés par Daniel Villanova sont bien ceux de nos voisins, de nous-mêmes ou de nos contemporains, et son humour transpire d’universalité.
Même dans ce 21e siècle où la technologie s’est faite omniprésente et où les réseaux sociaux semblent devenir des modèles de liens humains, rien ne semble remplacer les rapports de chair et de sang, les discussions entre deux voisins au coin d’une rue ou à l’ombre d’un platane, dans un Midi qui devient une espèce de lieu mythique baignant dans une sorte de réalisme magique où le mot « impossible » semble banni.
Seulement habillé de lumière, et avec une économie de moyens qui rend admiratif, Daniel Villanova se transforme avec une aisance déconcertante en un panel d’hommes et de femmes plus croustillants les uns que les autres et, cerise sur le gâteau, moment d’apothéose, il interprète le Diable en personne !!! Apparence physique, expression, voix : tout y est. Le public, unanime, a apprécié le style « fleuri » de ce comique de haut vol.
Enfin, dans la tradition moliéresque, l’auteur-acteur dénonce par le rire un vrai problème sociétal dont nos grands médias ne nous parlent pas : le gaz de schiste et ses conséquences sur notre environnement et notre éco-système.
Vous l’aurez compris, il faut courir voir ce spectacle pour ne pas mourir idiot, pour croire encore à la fraternité dans ce monde de brutes et pour rire, rire, rire pour notre santé !!!