La Friche de Mimi
27 juin 2014Rencontre avec Lilly Boe, coordinatrice de La Friche de Mimi, 5 Juin 2014, Montpellier (34)
Situés en plein Montpellier, les entrepôts de bois Vergne ferment dans les années 90 et Mimi Vergne loue l’emplacement à des artistes, toujours plus nombreux au fil des années. C’est ainsi qu'en 2006 est née l’association « La Friche de Mimi », à double vocation de fabrique artistique et d’accueil de compagnies émergentes (spectacle vivant). Lilly Boe, à la coordination depuis 2011, est seule salariée et participe à la mise en cohérence des activités et à l'évolution de l'association
Les artistes ont effectué de nombreux aménagements à l'intérieur du hangar, et aujourd'hui 9 associations culturelles professionnelles* louent chacune un local pour effectuer non seulement leur travail de création, mais aussi de bureau, ainsi que construction de décors, stockage de matériel etc. En outre elles consacrent bénévolement une partie de leur temps aux activités de La Friche. Ici, danse, théâtre, arts plastiques, audio-visuel, structure d'accompagnement de projets, se rencontrent quotidiennement.
Que peuvent en attendre les compagnies émergentes ?
- Un bon "coup de pouce" grâce aux projets annuels du même nom lancés sur appel à candidature. Les jeunes compagnies sélectionnées bénéficieront chacune de 25 jours de résidence avec mise à disposition d'un espace de 80 m2 (c'est nouveau) et d'un mois d'accompagnement par les associations membres de la Friche. Sont également proposés une enveloppe de coproduction ou l'achat du spectacle pour une première (contrat de cession).
- Des accompagnements "à la carte", avec mise à disposition des compétences de La Friche, après diagnostic.
- Des ouvertures permettant de circuler pour continuer à jouer, car La Friche fonctionne en réseau avec d'autres lieux analogues. La mutualisation des moyens qui en résulte multiplie en outre les possibilités.
Via les associations membres de La Friche, 132 personnes sont employées ici dans l'année. C'est un foisonnement créatif polymorphe unique sous cette forme à Montpellier et sans lequel de jeunes talents auraient eu des difficultés à se maintenir.
La Friche s'insère dans le tissu social, en investissant le quartier (Gambetta/Figuerolles) lors des "Jours de Friche" en Mai : spectacles, musique, cinéma, sur les places et dans la rue. Cette "sortie" étant accueillie avec de plus en plus de succès, La Friche réfléchit actuellement à effectuer un plus important travail de préparation en amont.
Mais il y a des ombres au tableau. La capacité d'autofinancement de La Friche est très limitée. Elle-même locataire de Mimi Vergne, La Friche reçoit de chaque association membre un loyer plus une participation mensuelle à un fonds commun. Les collectivités locales se montrent très sensibilisées à ses actions mais une partie des subventions se réduisent. La ville de Montpellier a participé aux "Jours de Friche", mais son aide pour les projets 2014 est toujours en suspens. Quant à la Région, 2è financeur, elle ne participe plus aux "Coups de pouce". Par ailleurs la survie-même des locaux est liée à la vie de Mimi Vergne.
Alors, quel avenir pour La Friche ?
Question locaux, le hangar de 650 m2, au même titre que toute la cour Vergne, sont protégés et ne peuvent être vendus sans expertise de la mairie. Depuis deux ans une réflexion est menée sur ce sujet, à la fois en interne et avec les voisins de la cour et les institutions.
D'autre part, fait très important, la Friche initie la création d'un Groupement d'Employeurs (GE) du secteur culturel (le GAEL), avec l'aide du Centre de Ressources des Groupements d'Employeurs (CRGE) du Languedoc-Roussillon. Rappelons qu’un GE est un dispositif de prêt de main d’œuvre dont l’objet est « de mettre à disposition de ses membres des salariés liés à ce groupement par un contrat de travail ». Le but étant de créer des emplois stables et qualifiés, d’une part pour des personnes en situation de multi-employeurs, d’autre part pour des structures qui n'ont pas la capacité ou la nécessité d'un employé à temps plein, mais qui ont néanmoins besoin d'une main d'œuvre qualifiée.
Ce GE a bien sûr vocation à accueillir de nouveaux membres pour des créations d’emplois. L'idée à long terme est de créer des postes techniques ne relevant pas des annexes 8 et 10, mais répondant à des besoins non satisfaits pour les associations culturelles et artistiques.
Il est clair que, non seulement La Friche prend son avenir en mains, mais qu’elle se place avec le GE au cœur d'un processus de structuration originale du spectacle vivant à Montpellier et dans la Région. Il est dans l'intérêt des créateurs de spectacle vivant et de leurs spectateurs qu'elle poursuive ses activités. Un tel regroupement artistique inventif pourrait même servir de modèle reproductible, en respectant l'esprit de coopération, de mutualisation et d'ouverture qui lui donne toute sa souplesse et lui permet d'être efficace.
*Associations et compagnies membres de La Friche :
Aletheia Audiovisuel ; Bruitquicourt ; Collectif Koa ; Groupe Noces Danse Images ; Rose Betty Klub ; Le Garage Electrique ; Les Nuits Partagées ; Les Têtes de Bois ; Total Local
Catherine Polge