La petite fille qui avait perdu son coeur

Spectacle de la compagnie HKC, vu à 14h20 le 9 juillet 2013 au collège de La Salle, dans le cadre du festival d'Avignon Off.

Présents sur Avignon Off 2014

Texte : Anne Rehbinder

Interprétation :  Antoine Colnot, Anne Jeanvoine, Olivier Slabiak

Mise en scène : Antoine Colnot

Lumière et scénographie : Chloé Decaux

Compositeur : Olivier Stabiak

Chorégraphe : Valérie Marianne

Costumière : Manon Desbert

Genre : Théâtre (musical)

Durée : 50 minutes

A partir de 4 ans

Création 2012

Une petite orpheline qui ne ressent plus grand-chose, que n'enthousiasme plus rien et qui ne sait que ronchonner, choisit de s'enfuir de l'orphelinat où elle s'ennuie. C'est facile, il suffit de prendre un chemin différent pour rentrer de l'école. C'est donc avec son cartable qu'elle emprunte le chemin buissonnier, et c'est une chance pour elle de réaliser qu'une pierre a pris la place de son coeur.

C'est un voyage initiatique traditionnel qui commence, formé par des rencontres en tout genre, et toutes révélatrices. Est toujours présent sur scène un musicien muni de son violon, d'appeaux, de flutes, de guitare ou d'un accordéon. La musique prend une importance prépondérante, jusqu'à devenir un personnage à part entière ! Le musicien aussi en est un, et constituera d'ailleurs l'une des rencontres. Il y-aura aussi une souris, un chien, un garçon, une grand-mère... Chacun apprendra à la petite fille à ressentir l'un des sentiments qui constitue l'arc-en-ciel du coeur. Au fil de ces émotions retrouvées, la petite fille retrouvera sa belle humanité, ce qui lui permettra d'éprouver, pour finir, la plus belle des émotions : la joie. Mais toutes les autres sont utiles, elle s'en apercevra. "La colère, ça sert à protéger son territoire, à dire non, et donc à dire oui, à se faire exister. Enfin, à plein de trucs, quoi !", lui dira le petit garçon.

Sur scène, neuf cubes de mousse peints de chaque côté s'imbriquent pour former les différents décors. C'est ludique et pertinent. Les décors ne sont que décors. Ils se font et se défont. L'important, c'est les gens, les animaux, la nature et tout ce que l'on ressent avec eux. L'important, c'est la gestuelle, indissociable des émotions. L'important, c'est aussi la lumière, les couleurs, qui ont tant d'influence sur nos humeurs. L'important c'est aussi parfois de chanter pour partager, pour tisser des liens.

Tout cela est bien rendu et fonctionne parfaitement. Les enfants dans la salle sont pris dans l'histoire et poussent des cris d'exclamation. Les adolescents sont également captivés. En tant qu'adulte, j'ai beaucoup aimé la générosité des comédiens et l'intelligence de l'ensemble. L'auteur s'est inspiré des travaux de la psychothérapeute Aliette de Panafieu, qui distingue six émotions principales : joie, chagrin, colère, dégoût, surprise et peur, et qui pose comme fondamental d'apprendre à les ressentir et à les identifier. Ce conte musical semble parfait pour aider les enfants dans cette reconnaissance qui les aidera à mieux vivre, tout en les divertissant au fil d'une histoire originale. Tant d'enfants, et même d'adultes, vivent dans un désordre émotionnel qui les empêche de construire une personnalité munie d'un jardin intérieur...

Envie de dire un grand bravo à la compagnie pour ce spectacle rythmé, énergique et coloré, qui aidera les enfants à vivre les événements de la vie avec puissance, vitalité et joie. N'hésitez pas à y amener enfants et même jeunes adolescents. A savoir : les représentations peuvent être accompagnées de différents ateliers pédagogiques.