Le Bal pour la Paix
16 juin 2014
Pièce de théâtre déambulatoire de la compagnie Arts/Traversée (Ivry s/ Seine, 94). Vue le 3 juin 2014 au Chêne, lieu de culture alternatif à Villejuif (94).
Une pièce écrite par Léon Bonnaffé et mise en scène par Julien Tanner.
Avec : Maxime Touron, Florent Lumbroso, Sara Jehane Hedef, Elsa Eskenazi, Léon Bonnaffé, Vincent Gaudin, Adrien Teyssier, Julien Tanner, Thaïs Lamothe
Genre : théâtre déambulatoire
Durée : 90 min
Jauge : env. 60
La compagnie des Arts/Traversée nous propose une pièce de théâtre déambulatoire. Chaque groupe de spectateurs suit son chemin au travers des différentes scènes. Avec une verve féroce et drôle, on nous mène ainsi en une série de neuf tableaux jusqu'au grand final : un véritable feu d'artifice de la paix enfin retrouvée... mais à coups de claques.
Tout commence dans la salle de bal, autour du bar. Les invités-spectateurs bavardent et trinquent. Une invitation à un bal, et pour la paix ! Ca ne pouvait pas se refuser. Seules deux hôtesses dans un coin se tiennent immobiles devant un présentoir de livres à la tranche peu épaisse : le dictionnaire des mots utiles. Le portrait de son auteur se retrouve sur la couverture et sur l'affiche derrière les deux hôtesses à l'habillement strict et rétro. Elles restent parfaitement stoïques, malgré les tentatives des invités d'engager la conversation. L'auteur en question, c'est notre hôte. Barbu, carré, arborant les signes et la confiance du pouvoir et de l'argent, il monte soudain sur l'estrade et réclame l'attention. Le brouhaha s'éteint. Il va prononcer un discours de bienvenue. Un discours pour la paix.
“La vie c'est compliqué,
Le travail y'en a pas pour tout le monde.
Le bonheur c'est pas gratuit.
Ne pensons à rien, seulement à la paix."
La paix c'est bien, buvons et dansons !
Mais aussitôt le bal repris, une incartade éclate entre deux invités : l'un deux a bousculé l'existence de l'autre. Le ton monte, jusqu'à la provocation en duel. Sans doute quelques mots de trop. Peut-être vaut-il mieux ne rien dire. Peut-être que la paix véritable exige qu'on se taise. On le pressent, “il ne va pas tarder à se faire, le grand silence”.
Chaque scène va nous offrir une lucarne sur les attentes des protagonistes. L'amour, pour la fille du magnat ? Le pouvoir pour ce dernier, comme pour le devin ? Les duellistes se préparent, entrainés par un ami ou un chargé de com. Le destin impose les décisions les plus terrifiantes. On parle, parle, on se noie dans la parole. On se débat contre elle. Attention aux mots. Les mots s'emploient comme des armes.
On se laisse porter par un texte drôle, cynique et léger à la fois. La mise en scène jubilatoire nous amène sans longueurs jusqu'au dénouement de cette farce féroce. On espère vivement que la compagnie trouvera de nouvelles occasions de monter cette pièce, dans ce dispositif ou un autre. A guetter.
Loïc Dugast