thalr_aries-et-scorpio_le-barillet.jpgSpectacle de la compagnie "Thalr" et de la compagnie "Ariès et Scorpio", vu le jeudi 14 Février 2013 au théâtre La Vista (Montpellier).

 

Auteur : Jean-Pierre PELAEZ

Mise en scène : Philippe GOUDARD

 Jeu : Nathalie ROBERT, Gérard MASCOT

 

1h15

Public ado & adulte

Genre : comédie, satire sociale

 

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En entrant dans la salle nous tombons sur un plateau nu, ou presque. Je me dis "mince, qu'est-ce que ça va être" et "pourvu que je ne me fasse pas trop chier...". Puis les comédiens font leur apparition. Le jeu est bon, le texte aussi et il peut être interprété par le spectateur de milles façons. Je me dis "Ouf..." puis "Chouette !". Au final, peut-être est-ce aussi bien que la scénographie s'efface un peu.

 

Ce spectacle, annoncé comme une satire sociale, décline le thème du revolver dans une multitude de mini-scénettes avec, comme trame de fond, une haine envers un "autre" qui semble aussi détestable que flou. Des phrases si impersonnelles (et maintes fois entendues) comme "Ya plus rien qui va", "On nous manipule", "Ils ne font rien" ou "C'était mieux avant" m'ont rappelé ces nombreuses soirées où l'esprit critique de chacun est si peu stimulé. Une brève discussion avec le metteur en scène à la sortie du spectacle m'a confirmé que c'était bien de misère sociale dont on parlait ici. Cette misère qui conduit à l'ignorance (ou est-ce l'inverse ?) et amène "les gens" à toujours accuser "un autre", totalement impersonnel mais symbole d'un pouvoir insaisissable et omniprésent. Cependant le message m'a paru certaines fois un peu trop simpliste, comme par exemple ce répondeur du Pôle Emploi qui s'enclenche au début et à la fin du spectacle et semble pousser, par sa "faute", les protagonistes à la violence puis vers une fin funeste. Mais quelle faute ? Le chômage ? L'assistanat ? Ou, plus largement, l'indifférence des institutions qui vous réifie ? Trop facile. La misère sociale me parait multiforme et ne saurait être réduite à si peu de facteurs. Cette vision un peu hautaine m'a d'ailleurs laissé un léger gout amer en rentrant chez moi.

 

En lisant le recueil de l'auteur (acheté sur place le soir de la représentation) je me suis rendu compte que, malgré les nombreux textes faisant allusion à ce pouvoir impersonnel et grand coupable des temps modernes, d'autres n'en parlaient tout simplement pas et traitaient de sujets bien différents (comme, par exemple, une inépuisable et formidable réflexion sur l'art contemporain), et ce de mille façons (baroque, philosophique, épistolaire...). J'aurais aimé que cette diversité de fonds et de formes soit plus exploitée (à l'image de cette scène hilarante sur la méthode peu orthodoxe d'un prêtre pour amener de nouveaux fidèles dans sa paroisse). Elle aurait apporté plus de corps à cette réflexion sur l'ignorance et la violence des Hommes. Toutefois, j'ai été largement surpris et interpellé par cet humour et cette vivacité qui traversent tout le spectacle, et j'ai littéralement été emporté par deux comédiens pleins d'assurance et d'énergie. Pour tout cela, bravo.

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