le-don-de-louise.jpgSpectacle en co-production de la "Compagnie des petits bâtons" (38) et de la "Compagnie Zazie 7" (26), vu à Crest (26), à la Chapelle des Cordeliers.

 

Ecriture et mise en scène: Hélène Van Der Stichele

 Comédiennes: Hélène Gaud, Sophie Brulé.


VIVANT2-toiles-3Genre: Comédie dramatique et gastronomique

Public: Grands enfants et adultes

Durée: Environ une heure

 

C'est dans le coeur médiéval de Crest que j'ai pu assister à la représentation du "Don de Louise" ;  la petite chapelle des Cordeliers s'est avérée un écrin scénique parfaitement adapté à ce spectacle.


L'écriture et la mise en scène de ce "Don de Louise" proposent une reprise réécrite du très célèbre "Festin de Babette" de Karen Blixen, en situant les protagonistes de ce spectacle chez la fille d'un pasteur cévenol.

L'action se déroule dans la demeure de Philippa, fille de feu le pasteur local, à Chamborigaud dans les Cévennes. C'est dans ce village, haut lieu du protestantisme cévenol, de la révolte des Camisards, que se réfugie Louise, pétroleuse recherchée après la répression de la Commune de Paris. Plus précisement, la pièce se joue dans l'office-cuisine. Sobre et efficace est la mise en scène : une table centrale derrière laquelle défileront au fil du spectacle hachoir, herbes, couverts, verres, plats. Une ancienne brouette de bois recouverte  amènera avec elle les mets rares et coûteux à même de permettre "le Don de Louise".


Ce parti pris de réécriture d'Hélène Van Der Stichele, situe notre ancienne "chef" du café anglais parisien, exilée en Cévennes. L'éclairage sur les évènements historiques sera l'occasion d'évoquer la Commune de Paris, Hugo, tout en préservant la ligne de l'écrit originel : citation au fil du texte de quelques préceptes du protestantisme. Hélène Gaud excelle dans une Philippa "coincée" par des règles religieuses strictes : simplicité, nourriture ascétique, sobriété.

Cette réécriture fort habile est également l'occasion pour Louise (Hélène Gaud) d'évoquer et de citer à plusieurs reprises Victor Hugo, extraits de "l'art d'être grand père", d'évoquer la Commune de Paris, les pétroleuses, les barricades. Et de citer en chantonnant le très célèbre Gavroche: "Je suis tombé par terre... la faute à Rousseau". Louise, femme passionnée, évoque sa montée sur les barricades en chantant "les princes maudits ont affamé les pauvres... donnez-moi l'occasion de me surpasser". "Victor Hugo est mort, nous sommes tous orphelins."  


Finesse, subtilité du jeu de ces deux comédiennes notamment lorsqu'elles découvrent la saveur du fruit de la grenade (fruit de paradis), ou dégustent au cours du festin "Amontillo ou Clos Vougeot". Au fil du sourire de l'actrice Hélène Gaud, nous suivons la réalisation de Louise, cette "cuisinière émérite" au fil de l'élaboration passionnée de ses oeuvres culinaires. Les deux actrices constituent un duo magistral dans leur aptitude à se compléter, à se renvoyer ce texte et à l'habiter au mieux, servies ici par un cadre scénique porteur (une sobre chapelle).

Ce spectacle  est parfait pour évoquer la Commune, Victor Hugo, l'art de la table. Il convient à tous les publics dès 12 ans et peut être envisagé accompagné pour les scolaires. Cette représentation se propose également d'être jouée en appartement, il suffit pour cela d'une pièce spacieuse.

 

Lydie-Gisèle Brogi

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