Le dernier jour du jeûne
07 oct. 2013
Spectacle de la compagnie Tera, vu le 24 septembre 2013 à 20h30 au théâtre du Gymnase à Marseille.
Ecriture et mise en scène : Simon Abkarian
Avec : Simon Abkarian (Théos), Arian Ascarie (Nouritsa), Marie Fabre (Vava), David Alaya (Minos), Cyril Lecomte (Aris), Judith Magre (Sandra), Oceane Mozas (Zela), Clara Noël (Sophia et Eias), Chloé Réjon (Astrig), Igor Skreblin (Xenos)
Genre : tragi-comédie
Durée : environ 2h30
Public : tout public (bien que... 2h30 et pas mal de "grivoiseries")
Sortie de création
De mon poulailler, je découvre une étroite cuisine au centre de la scène. Sandra, la tante, la soeur, l'avocate, la bouquineuse, la "folle", ouvre le bal avec une imprécation au soleil entre 2 bouffées de cigarette. C'est le dernier jour du jeûne... ça jeûne de pain, de corps, voire de se sentir aimé et entendu pour certains. Par contre ça n'jeûne ni de verve, ni de gouaille. Quand Zéla, face à la mer, adresse au soleil son désir de femme, entre parole de pythie et crainte de petite fille ; sa soeur Astrig tente de la ramener sur terre dans le cru de sa langue et de sa réalité. Quand Nouritsa, la mère, la sage, traductrice des rêves que nous découvrons, seau d'eau et serpillière à la main, tente de canaliser et d'apaiser les peines et colères de ses filles dans son accent du sud ; Sandra, sa soeur, leur lance une bonne bouffée empreinte d'un féminisme un peu aigre ; alors que Mme Amalia, voisine et peut-être future belle-mère d'Astrig, a une manière beaucoup plus imagée et bien plus directe de nous parler des rapports entre homme et femme.
Les mots se heurtent, chantent, se chevauchent, s'évadent... Théos, le père, les partagent avec plus de modération, mais aussi avec force et justesse. Elias, le cadet, les portent avec insouciance et innocence. Farès, l'étranger, les habille à la couleur de chez lui. Quant à Harris, eh bien... disons que Mme Amalia, sa mère, lui a transmis son art (et merci !). Et ce qu'ils ne disent pas avec les mots, ils le disent avec le corps. Dans sa fragilité ainsi que dans sa violence... Et puis il y a Minos, le boucher du village, qui ne rencontre plus les gens que dans sa boutique. Et sa fille, Sophia, qui se terre dans son silence depuis des mois.
Au milieu de tout ça, il m'a manqué des temps pour souffler et laisser reposer ma caboche (ce que m'ont quand même permis les personnages d'Arris et de sa mère, Vava). Il y avait beaucoup d'intentions et de mélanges dans le jeu, le phrasé et la forme des textes. Du coup, des intentions pas toujours claires quelquefois, et des articulations entre les différents tableaux manquant de fluidité. Mais ça reste une belle pièce, avec de belles interprétations, dont un coup de coeur pour David Ayala (Minos, le boucher) ainsi que pour Clara Noëlle (Sophia et Elias).
Photo : Antoine Agoudjian