" Le Petit bal perdu " est un spectacle produit par la Compagnie iséroise Takiya Tokaya. Bien rôdé, il tourne sur la région depuis plusieurs années maintenant. "Le Petit bal perdu" est un spectacle produit par la Compagnie iséroise Takiya Tokaya. Bien rôdé, il tourne sur la région depuis plusieurs années maintenant.
Nous l’avons vu le samedi 7 novembre 2009 à La Vence Scène de St Egrève (38).

 

Distribution :
- Metteur en Scène : Michel Dibilio
- Musiciens : Fabrice Bon (piano, clarinette, violon) et Philippe Grorod (accordéon)
- Comédien(ne)s : Aurélie Deny, Anouch Durand, Margot Faure, Benoît Kopniaeff, Frédéric Plazy, Jocelyne Sand et Véronique Segalat

 

Crédit photos : Takiya Tokaya

 

- Durée : 1h20

- Tout public

 

Que de fois nous avons vu le titre de ce spectacle apparaitre sur des programmes. Que de fois, certes, mais sans avoir pu jusqu’alors le découvrir... Voilà donc qui est fait.

La scène prend des aspects bistrot-guinguette, avec son espace comptoir, un mini podium sur lequel sont perchés les musiciens et quelques tables autour desquelles se mélangent comédien(ne)s et spectateurs. Nous sommes à un moment de bascule de l’histoire du XXème siècle : la Grande Guerre est toute proche et en même temps si lointaine, drapée dans les limbes des imaginaires... Bien sûr, s’égrènent les noms des morts de 14 à 18 comme ils s’inscriront ensuite sur les pierres des monuments aux morts, mais la vie continue, à l’arrière, joyeuse, parfois futile, comme si rire permettait de mettre à distance les horreurs vécues et commises dans les tranchées... Et de dire : "Déjà vous n’êtes rien après avoir péri". Oubli quasi immédiat de ce qui se passe ? Vivre à tout crin pour éviter de penser à la mort ? Sans doute les deux !

 

Entre nouvelles du front, chansons-rengaines et pas de danse, le propos évite le côté morose et lui préfère l’apparente insouciance de celles et ceux qui ne sont pas parti(e)s. C’est la bonhommie de la tournicote, où la tuerie reste en carafe, où on parle et chante la guerre à la manière de ceux qui s’en sont allés la fleur au fusil, où on essaie de se convaincre qu’on a l’armée la plus forte, invincible de surcroit et qu’on ne craint trop rien... De temps en temps, chansons et paroles s’émaillent des réalités du conflit dont le peuple ne sortira pas indemne : épou(x) ou enfant(s) mort(s), gueules cassées... On reçoit une lettre, on lit un poème... Mais sous la guirlande multicolore le discours patriote des chansons de l’époque distille sa propagande, mine de rien... et "on regarde ça comme des espèces d’aveugles." Sous cet aspect bon enfant, il y a du Göttingen dans l’air, la peur et les regrets d’une vie qui s’en irait trop vite, avec un bonheur en effilochade.

 

Le spectacle a visiblement été très apprécié par le public venu nombreux ce soir-là. Si nous avons eu quant à nous plaisir à goûter à la légèreté de ce tour de chant aux couleurs de fête pour temps de guerre, nous regrettons malgré tout que les textes rappelant les réalités de cette époque soient passés en second plan et qu’il nous ait fallu leur porter attention pour vraiment les entendre. Un spectacle bien campé mené sans conteste de manière professionnelle mais qui pourrait présenter l’écueil de se réduire à un délassement, un bon moment de rigolade. Probablement voulu...

 

 

 

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