Jacques Weber le-roman-de-monsieur-de-moliere-16 juin PézeSpectacle de Jacques Weber, d'après le roman de Mikhaïl Boulgakov, vu le 15 Juin 2013 au Théâtre historique de Pézenas (34) lors du festival Molière dans tous ses éclats.

 

Interprétation : Jacques Weber

Mise en scène : Christine Weber


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Genre : lecture-spectacle

Durée : 1 h 40

Tout public (connaissant déjà un peu la vie de Molière)

 

 

Je croyais que tout avait été dit la veille sur la carrière de Molière (dans la lecture de Francis Perrin « Molière malgré moi ») mais, ce soir-là au théâtre de Pézenas, je n’attendais pas moins la venue de Jacques Weber, l’amoureux gourmand (le vrai) du théâtre classique et de la langue française. C’est avec surprise que je découvris le tragédien, lui aussi le texte à portée de main sur un pupitre, seul décor (ou presque) d’une scène totalement épurée de tout artifice. Non loin, un tabouret. Au sol, quelques bouteilles que l’on croirait de vin. A sa décharge, et contrairement à la veille, la soirée est annoncée cette fois comme une lecture-spectacle. Je ne m’attends donc pas à du spectacle, ni même à du grand Weber. Je ne sais d’ailleurs pas à quoi m’attendre, et c’est bien ce qui fait le sel de ce début de soirée !


L’acoustique de la salle et la lumière tamisée favorisent particulièrement le spectacle. Seul en scène, Weber nous raconte la vie romancée du « héros » de Mikhaïl Boulgakov, Molière, alias Jean-Baptiste Poquelin, à travers les yeux et l’imagination d’un fabuliste russe éperdu d'admiration devant le dramaturge français. Lui consacrant une biographie romancée très éloignée du ton neutre d'un biographe quelconque, Boulgakov s'immisce dans le récit de la vie de Molière par l'entremise du narrateur et comédien français : « Je peux dire sans crainte de me tromper que si j'avais pu expliquer à l'honorable sage-femme qui était celui qu'elle mettait au monde elle eût pu, d'émotion, causer quelque dommage au nourrisson et, du même coup, à la France. » Le ton est donné. Boulgakov s'amuse à inventer, dans un récit vivant et riche, la vie de Jean-Baptiste Poquelin dès sa naissance ; rentrant avec humour dans la peau et les pensées de ses personnages que l'on croirait devenus héros d'une fiction romancée. Et pourtant, me dis-je, tout est vrai !


Jacques Weber s’amuse avec passion à nous livrer l’histoire en jouant de ses sourires, de sa voix grave, de ses ronds de jambes et en imitant à la perfection les précieuses et autres tragédiens de l’époque. En nous plongeant dans l’ambiance des tréteaux du Pont Neuf et de ses saltimbanques, en nous faisant une place dans la carriole de la troupe royale, puis en soulignant les hésitations, les erreurs et les facéties du comédien (notamment dans ses choix de représentations et dans sa relation à Armande), l’auteur ne rend Molière que plus vivant encore ! « Quel âge avez-vous ? Et quel âge a-t-elle ? ». Complice de son emphase, le public en haleine se tait pour apprécier le langage, tant subtil que contemporain, réaliste et romancé, dans le même bain d’histoire humaine.


Sans jamais trop en faire, Weber maîtrise son texte qu’il livre de tout son corps... en bégayant (Molière bégayait, appris-je). Un spectacle que j'aimerais revoir, mais peut-être dans une forme davantage mise en scène. Pourquoi pas un Perrin-Weber, l’année prochaine ? 

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