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Spectacle de la Compagnie de la Flibuste (92), d'après la pièce de William Shakespeare, vu aux Jardins du Mazet (Monoblet - dept 30) le 26 Juillet 2013 à 18h30.


Traduction et adaptation du texte original : Clément de Dadelsen

Mise en scène : Clément de Dadelsen

Interprétation : Adèle Bernier, Etienne Beydon, Benoît Chauvin, Maxime Costa, Xavier Lafarie, Pauline Lemarié, Arthur Prévost, Valentine Revel-Mouroz

Costumes : Bruno Marchini (studio-théâtre d'Asnières)

Décor naturel des Jardins du Mazet


vivant-3-toiles-4Genre : théâtre

Durée : 1h30 environ

Public : tous à partir de 8 ans

Jauge : 150

Création 2010 (peut aussi se jouer en déambulation)

 

Créée en 2007, la Compagnie de la Flibuste cherche, au moyen de grands textes du répertoire, à faire sortir le théâtre des images convenues et/ou de l'élitisme dont il souffre encore. L'été, la compagnie donne des représentations itinérantes en extérieur, adaptant la scénographie à toutes sortes de lieux surprenants.

 

Aujourd'hui, la Compagnie de la Flibuste a investi un beau mas cévenol et ses jardins en terrasse. Nous nous installons sur un terre-plein qui surplombe la vallée. En fond de scène un rideau d'arbres et de grosses branches basses et, en arrière-plan, les montagnes. Derrière nous le mas abrite les coulisses.


L’histoire, d'une grande fantaisie, se passe le temps d'une nuit d'été. Trois mondes se croisent sur scène, trois intrigues alternent et s'interpénètrent dans un grand désordre. Dans une Grèce imaginaire, quatre jeunes gens vivent des amours contrariées. Lysandre et Hermia s’aiment, mais le père de celle-ci veut qu’elle épouse Demetrius, qui l'aime lui aussi mais est aimé passionnément par Héléna. Chacun d'eux fuyant ou poursuivant quelqu'un, tous quatre vont passer la nuit dans les bois et perturber le peuple féérique du royaume de l'ombre qui vit là, invisible à leurs yeux. Car cette même nuit Obéron, roi des fées, veut récupérer le page de Titania, sa reine, toujours escortée de deux petites fées. Mécontent d'être dérangé par l'agitation des jeunes humains il charge Puck, lutin espiègle, de mettre de l'ordre dans leurs amours grâce à une mixture magique. Mais Puck se trompe et sème la zizanie. Les efforts d'Obéron aidé de Puck ramènent l'ordre dans les amours des jeunes gens qui émergeront de ce conte en croyant avoir rêvé. Pendant ce temps, inconscients de cette effervescence, des villageois se réunissent épisodiquement dans la forêt pour monter une tragédie qui reprend les scènes du "Songe". Leurs tentatives, maladroites et comiques, exposent à nu toute l'illusion qui fonde le théâtre... Spectateurs de théâtre dans le théâtre nous voilà pris entre songe et réalité !

Huit comédiens incarnent brillamment 18 personnages très divers, et souvent complexes : insouciance puérile et trouble féérique des jeunes fées, lyrisme et crises lors d'incroyables quiproquos chez les amoureux, autorité majestueuse contredite par une vulnérabilité émotionnelle cocasse chez le couple royal des fées, malice et naïveté chez Puck, burlesque chez les villageois-comédiens...  Ils expriment avec aisance émotions, rêve, poésie et humour.

 

Fascinée  par la modernité du propos sur l’humanité et le théâtre, j’ai aussi beaucoup ri ; notamment lors de la crise de nerf d'Obéron, du délire amoureux de Titania, de la dispute homérique des jeunes gens, et de la mise à nu hilarante du déroulement des répétitions théâtrales. Cette pièce complexe est toute en mouvements et en transformations. Le langage même de Shakespeare, souvent poétique, varie entre vers et prose, vocabulaire châtié et trivial. C’est dire si la mise en scène et le jeu présentent des difficultés techniques ! Or j'ai trouvé l’ensemble enlevé, rythmé et cohérent, sans aucune rupture et avec une scénographie efficace. La traduction du texte original me semble respecter l'auteur tout en prenant la liberté d'introduire quelques amusantes expressions contemporaines. Bravo !

Bruno Marchini et Clément de Dadelsen ont choisi et refaçonné ensemble les costumes pour exprimer les personnages sans les figer dans une époque, ce qui donne aux comédiens une liberté de jeu. D'une grande variété de structures, de textures, de couleurs et de styles, ces costumes traduisent une recherche de qualité et d'efficacité qui participe à la réussite du spectacle.

 

Jouant sur le rêve et l'illusion théâtrale, ce spectacle profond et très drôle a semble-t-il déjà rencontré un franc succès auprès d'un public d'adultes n'ayant jamais assisté à une représentation, mais je le recommande également aux initiés qui retrouveront avec plaisir une intelligente et réjouissante interprétation de ce grand classique. Quant aux enfants, ils y puiseront matière à rêver et apprendront peut-être à aimer Shakespeare !

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