Les Petites et Mariana
14 oct. 2011
Découverte pour nous de cette compagnie de danse installée dans la Loire (42) et dont nous avons apprécié les deux pièces données sur le plateau de la Rampe d’Echirolles (38) le jeudi 13 octobre 2011.
Tout public
Durée : 1h30 avec entracte
Distribution :
Chorégraphies : Maryse Delente
Lumière : Thierry Dubief
Costumes : Josy Lopez
Distribution pour "Les Petites" (durée 21 mn) :
Interptrètes : Aurélie Deroux Dauphin et Géraldine Morlat
Musique : extraits de Shubert, "La Truite" et "La jeune fille et la mort", bruitages
Distribution pour "Mariana" (durée 50 mn) :
Interprètes : Aurélie Derous Dauphin, Charlotte Chobillon, Géraldine Morlat, Elodie Sardou et Audrey Rocha
Musique : Philippe Glas, musiques des Pygmées Aka, La Gatta Cenerentola, Roberto de Simone, extraits des Lavandières, chants traditionnels napolitains
Conception, graphisme : Arièle Bonzon
Les Petites : L’horloge égrène son tic-tac. Deux filles, de dos, sont assises sur des chambres à air. L’une d’elle se balance... Il y a la Brune. Il y a la Blonde. Mimétisme qui induit une gêne. Jeu(x) dont on perçoit assez vite qu’ils comportent une malignité insidieuse. Peut-être parce que nous voyons ce tas de terre meuble piqué d’un bouquet de fleurs... On pourrait se croire au bord de la mer. On voudrait imaginer deux filles naïves et innocentes. On voudrait croire à la jeunesse. Mais... ce ne sont que des bribes, des reliquats rayés de gestes saccadés qui reviennent et se répètent. Lancinante de cette liaison interdépendante qui tisse une folie qui perd de sa douceur, jusqu’à ce que sonne le glas...
Mariana : cette pièce a été créée il y a plus de 20 ans. Dans la pénombre, dans un espace qui pourrait être ouaté de brouillard, 3 filles, silhouettes rouges à peine perceptibles, dansent. Forêt enchantée ? Grenier ? Des lambeaux de lumière tombés du plafond tracent leurs raies sur le sol. Nous apparaît alors une sorte de fantôme à tête bandée, en robe d’apparat. Fantasmagorie de nos rêves, de nos inconscients, de nos féminités effrayantes ? Sur nos échiquiers de vie ? Dans l’échancrure de nos corps et de nos corsages. On pense à des univers à la Jane Campion (La leçon de piano), où se côtoient le viscéral et le corseté, où résonnent gestuelles et sons des mondes anciens. On pense encore à Ilka Schönbein (Theater Meschugge) et ses marionnettes accouchées. On pense aussi à ces corps vus lors du spectacle "Mue" de la Cie la Manoeuvre sur la scène de l’Amphithéâtre de Pont de Claix (38), avec ces corps- parcelles. Nous approchons l’originel, quand le feu était au centre de la vie, indispensable comme l’eau de pluie.
Nous retiendrons de ces moments une haute qualité dans le choix et la maîtrise des éclairages, une esthétique notamment liée aux couleurs des costumes et un recours à des partitions musicales qui mêlent un volet ethnique et une part savante, avec des tournes-spirales qui engendrent l’étrangeté. Nous aurons aimé ce mélange de beauté, de faste et d’animalité(s), avec les malaises amenés par les propositions en saccades. Comme si ce spectacle était allé gratter vers nos enfouissements. Une compagnie qui a à dire !
Web La Rampe : http://www.ville-echirolles.fr/sortir/larampe/programme_1112/index.html