Melle Frankenstein, une histoire mythique
27 juil. 2014Spectacle de la compagnie Objet Sensible (38), vu le samedi 26 juillet 2014, terrain Vannier, dans le cadre du "Off du Off" de "Chalon dans la Rue".
Direction artistique et jeu : Nathalie Della Vedova
Direction musicale et jeu : Marie-Caroline Conin
Régie et jeu : Daniel Lawless
Création 2013
Genre : théâtre de marionnettes à échelle humaine et bidouilles vidéo à échelle virtuelle
Public : adolescent, adulte, tout public à partir de 10 ans
Durée du spectacle : 1 heure 15
Jauge : 200-250 personnes
Commençons par le résumé : originalité, ingéniosité et une technique au millimètre carré. Voilà ce qui, pour moi, pourrait le mieux définir ce spectacle surprenant et captivant. L’esthétique, très soignée, nous emmène dans un univers bien particulier, où tous les sons et toutes les voix sont le fait d’un seul homme à la « régie » (sur scène), parfaitement synchronisés avec les marionnettes à taille humaine pilotées par deux comédiennes tout de noir vêtu, le tout sur fond noir (un rideau en fond de scène). L’effet est saisissant. L’ordinateur de Melle Frankenstein, un « simple » rétroprojecteur également contrôlé par le régisseur, parait étonnamment futuriste. Quant au décor, sans fioriture, il suffit à nous faire rentrer dans le labo.
Est-il nécessaire de rappeler l’histoire de Frankenstein, ce savant fou qui a insufflé la vie à un patchwork de chaires mortes ? Je ne pense pas… surtout qu’ici, c’est de sa fille dont-il s’agit (cela n’apparaît malheureusement pas clairement dans le spectacle et il faut lire le synopsis avant pour le savoir). Nous voici donc dans le labo de cette digne héritière de son père qui, (un peu trop) inlassablement, enchaine les expériences sur des lapins qui acceptent de servir de cobayes par manque d’argent. Assistée par l’attendrissant Igor, son assistant aux airs de Bossu de Notre-Dame, mademoiselle ne se sent pas moins seule et son cœur est furieusement en manque d’amour. S’ensuit alors une quête de l’être aimé que Melle Frankenstein résout d’une façon toute personnelle.
Il est vrai que la structure assez répétitive de la première partie du spectacle rebute un peu. La deuxième arrive d’ailleurs comme une bouffée d’air, d’autant plus que Melle Frankenstein sort dans la rue et c’est un tout autre dispositif qui est mis en place pour figurer la scène par un savant traveling assez drôle. La troisième partie, elle, est de loin la meilleure car toutes les qualités du spectacle y sont condensées dans une incroyable intensité.
Un spectacle tout jeune à surveiller, et qu’il convient de soutenir. Attention, Melle Frankenstein étant anglaise (et oui, comme son père !) elle s’exprime en jonglant de l’anglais au français. Même si son langage est approximatif et que le jeu des marionnettes suffit, je pense, à comprendre l’histoire, il est toutefois souhaitable d’en maîtriser les rudiments pour profiter du spectacle dans son intégralité.
François Polge