Mme Laculture
28 juil. 2013 Compagnie Matador (75)
Spectacle vu le 26 juillet 2013 à 18h15 à l’Espace Alya, dans le cadre du festival Off d’Avignon (jusqu’au 30)
De et avec Rafaële Arditti
Mise en Clown : Raphaël Almosni
Regard extérieur : Noémie Lefèbvre, Franck Lepage
Régisseur : Xavier Pierre
Genre : Théâtre de la réalité, clown
Public : adulte
Durée : 60 mn
Mme Laculture arrive en retard comme il se doit, un peu pompette au sortir d’un apéro à la mairie. Directrice du CEPGTN, Comité d’Ethique et de Programmation du Grand Théâtre de Niais, elle vient nous présenter le premier festival des arts novateurs et des réseaux innovants.
Tenant un superbe personnage de clown, Rafaële Arditi se moque de la culture et de ces discours vides de sens et « autoportants », semés de sigle à rallonge. Elle met en avant, parfois avec inégalité, les travers de ce binôme culture/politique qui reste étroitement entremêlé.
Drôle, pertinent, rythmé et jouant avec plaisir avec le public, ce spectacle est une bouffée d’air frais dans ce petit monde aseptisé qui joue souvent le club privé.
Pour ma part, il y manque une question fondamentale, c’est la notion de pouvoir, qui débouche essentiellement sur le pouvoir de donner (ou prendre) de l’argent ! Car ici aussi cela reste, malgré les négations offusquées de ce petit monde, le nerf de la guerre.
Ce spectacle fait suite à son précédent travail « Sarkophonie, dissection dyslexique du discours réactionnaire », reposant sur un vrai discours décortiqué de Nicolas Sarkozy. Ce spectacle qui a connu un certain succès à travers les réseaux culturels associatifs et militants a pourtant été l’objet d’un chantage économique de la part de la Drac Rhône-Alpes. Dans le cadre d’une programmation au festival « jouons sur les mots », près de Grenoble. Celle-ci a menacé de supprimer la subvention au festival si le spectacle n’était pas retiré. Un peu gros, et pourtant vrai !
C’est aussi donc suite à cette histoire, que Rafaële a souhaité analyser le contenu des discours et l’entre soi de ce monde culturel jouant l’ouverture mais complètement hermétique à d’autres visions. Au lieu d’exclure comme elle le fait trop souvent aujourd’hui, la culture devrait ouvrir, partager, faire découvrir.
Tous les textes sont donc tirés de réels discours, parfois réassemblés, prononcés lors de manifestations réelles : ouverture d’exposition d’art contemporain (là, elle s’est régalée), présentation de saison de scènes nationales ou festivals innovants.
Et au final, que tout cela ait pu être dit, c'est cela qui est alarmant. Alors amis courageux, n'hésitez pas à programmer ce clown politique qui souléve de vraies questions sur le sens et le non sens de la culture.