Peau d'âne
12 juil. 2012 Spectacle de la compagnie Hangar Palace vu au Collège de La Salle (Théâtre du Préau) lors du festival OFF d'Avignon.
Genre : théâtre musical, à partir de 6 ans
Interprètes : Julien Asselin, Christine Gaya, Jean-Louis Kamoun, Cathy Ruiz
Mise en scène : Caroline Ruiz
Peau d’âne est un conte populaire, dont la version la plus célèbre est celle de Charles Perrault, parue en 1694, puis rattachée aux "Contes de ma mère l'Oye" en 1697.
Cette adaptation de Peau d'âne renouvelle le conte d'une façon originale : en s'appuyant sur les images et souvenirs les plus prégnants dans la mémoire populaire, sachant cependant s'en écarter de façon toujours très poétique, originale, et souvent avec un décalage qui provoque le rire. On retrouve donc avec grand plaisir plusieurs chansons du film culte de Jacques Demy, très bien interprétées d'ailleurs, et la trame reste fidèle au conte, jusque dans ses aspects les plus graves.
Bien que (ou parce que ?) ce spectacle s'adresse aux enfants, le thème principal du récit n'est pas du tout édulcoré, et ce choix peut être salué. Rappelons que, dans ce conte, le roi désire épouser sa fille. Prétextant la promesse qu'il a faite à sa femme défunte, il choisit d'épouser la princesse sans l'ombre d'un sentiment de culpabilité devant ce que toutes les civilisations humaines considèrent comme le tabou des tabous : l'inceste. Ce que la psychanalyse appellera plus tard le «complexe d'Electre » est le thème central du récit. Les adultes pourront avoir le coeur serré voire la larme à l'oeil en ressentant la violence de l'égoïsme et du mépris du père face à qui est réellement sa fille, ainsi que le désarroi de cette dernière qui ne sait démêler les sortes d'amour. Les comédiens sont très bons et savent faire passer toutes ces subtiles émotions. Ils réussissent la performance de le faire toujours avec fantaisie. Que savoir de ce que ressentent ou comprennent les enfants à ce moment-là ? C'est impossible à savoir, mais l'attention est grande et maintenue durant toute la durée du spectacle. On connaît, de toute façon, la portée pédagogique et cathartique du conte, à laquelle ce spectacle apporte certainement une dimension ludique et poétique supplémentaire et, par là, on peut croire une belle "efficacité".
La fée, marraine de la princesse, va dissiper tout malentendu en apprenant à celle-ci à ne plus confondre les amours : on aime ses parents mais on ne les épouse pas ! Se succèdent alors les surprises, dont on retient surtout la formidable trouvaille pour rendre les robes aux couleurs du temps, du soleil ou de la lune. Les enfants, que l'on dit blasés par les nouvelles technologies, s'extasient devant la beauté de l'effet. Puis on ne cesse de sursauter, de trembler ou de rire en suivant le chemin initiatique, semblable à celui que connaîtront tous les enfants : se détacher de l'amour de ses parents pour en connaître d'autres.
L'adulte se sentira peut-être un peu dérouté (et un peu ennuyé) par la liberté que prend la compagnie de faire échouer Peau d'âne dans une troupe d'illusionnistes. Mais les enfants ont paru adorer ce passage, alors... ! Quoi qu'il en soit, pour passer un excellent moment avec ses enfants, en toute intelligence, aller voir cette jolie Peau d'âne est une solution à noter dans ses tablettes.