Petites Migrations
14 déc. 2009
Le Théâtre de Nuit, dont nous avions déjà vu une réalisation (cf article au sujet de" Mystoires " créé à l’Espace 600 de Grenoble en 2007), était sur la scène du CLC d’Eybens le samedi 12 décembre 2009, avec un spectacle intime(iste) bienvenu dans ce petit théâtre.
Tout public à partir de 4 ans
Durée : 40 mn
Avec :
Aurélie Morin : mise en scène, scénographie et marionnettes
Franck Adrien : régie et bande sonore
Pachyderme Kréation : réalisation de la structure métallique
François Morinière et Malika Oudjémia : atelier du Théâtre du Fust
Un " paravent " qui se referme comme un oeil mi-clos, des images floutées qui simulent l’univers du sommeil puis c’est le réveil qui sonne et Petit Bonhomme émerge de ses limbes pour enfiler vêtements et bottes, aidé et guidé par une main d’ombre. Deux espaces de vision avec d’un côté une paire de pieds qui marche et de l’autre fenêtre ouverte sur cour d’école. Il y a les bruits de récré et ces silhouettes, im-mobiles. Le mouvement naît dans la suggestion qui en est faite. Mais Petit Bonhomme semble s’être " trompé de cour de récré " et un brin malmené-délaissé, se retirant aussi sans doute, il se réfugie vers un arbre. C’est de cet arbre que se dévidera le fil de l’histoire. L’enfant verse une première larme d’un vert translucide qui coule sur sa joue et le paravent se déplie lentement comme un grand papyrus. C’est peut-être dans cette tristesse que se love le rêve, un rêve qui emporte Petit Bonhomme, frêle silhouette de papier, sur les chemins de terre et les entrelacs raciniens. On descend dans l’humus, à la découverte de la naissance des choses et de la vie. Brindille, arbrisseau, enchevêtrements, ponts entre ce qui est en-dessous, en-dessous de nos pieds, et ce qui est au-dessus de nos têtes qui accrochent les nuages aux allures de créatures fantastiques pour qui veut bien y croire. La larme a tracé sillon(s) sur la joue de l’enfant et bien sûr au-delà, et l’eau prend des reflets-lumière irisés de bleu, de vert et de brun. Une lanterne de bateau oscille, dans le hublot on voit la mer, sur le bancs de sable le souffle disperse les grains... jusqu’à ce que l’oiseau de feu aux allures de Phénix emporte l’enfant au sommet de son arbre où il s’éveillera tandis que ses bottes ne seront plus si grandes. Et tout ça s’est passé le temps d’une récré...
Dans cette création en date de 2003, nous avons retrouvé la plastique présente dans " Mystoires ", plastique dont nous avions apprécié la charte graphique à l’époque où nous avions vu ce spectacle postérieur à "Petites Migrations". Mais les réserves que nous avions émises à ce moment-là n’ont pas cours pour ces "Petites Migrations" qui nous ont véritablement embarqué(e)s et enchantée(e)s. La bande son ouvre un espace, un univers d’évocations, avec des mots que chaque spectateur peut (s’)inventer sans qu’il nous soit trop dit. Les images provoquées par les marionnettes et les décors ont une fragilité qui leur donne toute leur force. Une manière de semer dans nos esprits de petites graines d’où sortiront des ramures oubliées pour certain(e)s, à venir pour d’autres. Il y a de la profondeur dans le décor, de la transparence, et ce Petit Bonhomme grimpe à nos échelles.
A recommander fortement pour tout(te)s ceux (celles) qui s’agrippent à l’enfance.
Commentaire d'un autre spectacle de la compagnie
Coordonnées CLC :
Adresse : 27, rue Victor Hugo, 38320 Eybens
Tél. : 04 76 24 22 32
Mèl : clc@ville-eybens.fr
Web : http://www.ville-eybens.fr/equip/clc.php