Phèdre... à peu près
26 avr. 2010
La compagnie grenobloise Cyrano, avec le duo bien rôdé de Maurice Hébert et Benoît Olivier, a proposé sa libre adaptation du texte de Racine à l’Espace Aragon de Villard Bonnot, le mardi 6 avril 2010.
Public : plutôt adultes et ados
Durée : 1 h
Nous connaissions déjà le travail de ces deux comédiens, vus en différents lieux et occasions, ensemble ou avec d’autres partenaires : notamment à la Guinguette de Fontaine (38) (www.la-guinguette.tk/) pour " Caprices d’amour " (B. Olivier et S. Marek) et à domicile pour " Drôles d’Oiseaux " (B. Olivier et M. Hébert).
Ce ne sont pas des artistes débutants mais des habitués de la scène, si petite soit-elle. Surprise donc que de les voir évoluer sur un plateau plus large, avec pour tout costume pyjama rayé, pantoufles et serviette de toilette. Tenues adéquates pour entrer sur le ring, carré de moquette d’à peine quelques mètres !
C’est une interprétation doublée d’une visite particulière, mêlée de commentaires littéraires et intermèdes sur la vie de Mme Lambert, prof émérite de français, à laquelle nous convient les deux partenaires de longue date. Le parti pris : se coltiner un texte tombé en désuétude, fort peu aguichant au demeurant, pour le réciter le moment venu devant un public probablement un brin récalcitrant et doutant de la poésie du verbe et de l’alexandrin. Et nous voilà retrouvant les bancs de l’école ou plus exactement du lycée, quand incarner ne va pas de soi et soulève la panique, spécialement quand la proposition de l’interprétation prend un caractère " excessi f" ou " déplacé "... Étonnement(s) lorsque le texte se fait entendre, voireentre en résonance(s), dans les interstices laissés par la pirouette d’un " Laisse tes mains sur mes hanches " ou autres chansons variétoche, ou dans l’entrebâillement de motets baroques. Il y a croisements de genres, hommage(s) rendu(s) au théâtre et aux profs.
Nous avions préféré la drôlerie, la cocasserie et les élans de " Drôles d’Oiseaux " et la faculté de créer,en un rien de temps et sans accessoires notables, des espaces de théâtre. Malgré tout, c’est une gageure à laquelle la Cies’est attaquée, peut-êtrepas avec brio et panache mais sur un pari, celui de faire re-découvrir et aimer un texte, un auteur, que nombred’entrenous auraient aisément mis au placard ("Nous dédions ce spectacle à tous nos professeurs de français qui nous ont fait aimer la littératuremême sous la torture"). Cependant, une salle plus petite favorisant une proximité plus étroite avec le public nous paraîtrait bénéfique pour servir d’avantage le propos. Reconnaissons aussi que Benoît et Mauriceont réussi à intéresser et à faireréagir des jeunes venus avec leurs profs et que leur proposition a tout à fait sa place auprès de ce public en introduction d’une littérature délaissée. A conseiller en lycée(s).
Espace Aragon :
Web : http://web.mac.com/espace.aragon