Quand les jouets sortent des livres
18 nov. 2009
La compagnie ardéchoise Aldebaran était présente sur la petite scène du Belvédère (38) le mercredi 18 novembre 2009. Leur spectacle s’est déroulé devant un public venu nombreux, l’heure proposée étant un atout pour ce type de prestation destiné à des très jeunes accompagnés par leurs parents.
Avec : Marylise Chanteloup et Olivier Darcissac, comédiens et musiciens
D’après les albums : "Assez" de M.Ravella (éditions du ricochet) et "Cropetite" de M.Gay (éditions école des loisirs)
Durée du spectacle : 30 mn
Age indiqué : 2 à 5 ans
Ils sont deux : elle qui manipule les marionnettes, lui, musicien, qui accompagne le déroulé des histoires.
Trois histoires courtes se succèdent :
la première sortie de leur imagination. D’abord, il y a la clarinette basse, voix pour récit sans parole(s). Des cartons épars et un ourson en peluche qui visite un livre dont il tourne les pages. Le nounours mouille son doigt, hume le livre, éternue à cause de la poussière... Il découvre ensuite un livre beaucoup plus grand, un livre-abécédaire où les lettres ont chacune une page de couleur pleines de petits morceaux collés. Il fait rencontre d’autres doudous cachés derrière une porte minuscule à l’intérieur-même du livre, dont un gros cochon, et tous partent ensemble dans un charriot de carton qui s’élève dans les airs.
Un intermède sur lumière rouge permet de passer d’un récit à l’autre et de re-composer le décor : de la chambre d’enfant on passe dans une cuisine puis on bascule dans le temps à l’ère des Cro-Magnon.
la seconde et la troisième inspirées des livres pour enfants. Dans la cuisine se dit l’histoire de l’arrivée au monde de l’enfant et de son éveil à ce qui l’entoure. Et pour finir c’est Cropetite qui découvre sans le savoir le pouvoir du feu et la métamorphose qu’il opère sur sa poupée d’argile. Le tuba et la voix chantée impriment ce moment, autour du foyer imaginaire des origines des peuples.
Si la durée proposée est tout à fait en accord avec la tranche d’âge visée, si l’univers du livre est au coeur de la proposition, il nous semble que chacun des récits aurait pu faire l’objet d’un traitement singulier et unique. Dans la première scène, l’idée de privilégier l’image au parler nous est apparue, si ce n’est originale, du moins digne d’intérêt et nous serions volontiers restés sur ce choix. Rien n’empêchait que le(s) livre(s) ai(en)t place sur scène et qu’ils marquent le point de départ du traitement. Dommage selon nous que le texte arrive de façon redondante sur les gestes, moteurs de l’exploration du monde par l’enfant. Dégager seulement certains mots aurait sans doute été plus judicieux et une mise en valeur plus franche, parce que le spectacle n’était pas une lecture à proprement parler. Quant à la poupée d’argile, qui serait censée être la première poupée de l’histoire de l’humanité, elle aurait tout aussi bien (et même mieux) pu se construire sous nos yeux, naître en somme, plutôt qu’être décrite dans ses phases de fabrication.
Poussé davantage dans d’autres sillons, ce spectacle pourrait quitter sa facture classique et nous conduire sur des sentes sonores et tactiles plus audacieuses.